Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
Par
le 23 oct. 2022
4 j'aime
Après la série à succès "Défense d'entrer", l'autrice québecoise reprend le style "journal" cette fois du point de vue d'Amélie, la grande soeur de 15 ans de Charles-Olivier, le protagoniste de "Défense d'entrer".
Le roman prend place dans le même laps de temps que le premier tome de "Défense d'entrer", donc nous retrouverons parfois des situations déjà lues. Néanmoins, cette fois, c'est le vécu d'adolescente d'Amélie, alias "Mélie", qui occupe la tribune. Étudiante à l'école secondaire, elle a comme la plupart des ados un premier chum, un petit cercle d'amies et une certaine addiction pour son cellulaire. Mélie adore cuisiner et dans ses temps libres, relate ses pensées et évènements dans son journal intime. Mais entre les hauts et les bas de son premier couple, les chicanes entre fratrie, la détestable Bella et son manque de confiance en soi, Mélie doit aussi apprendre à tempérer sa colère , apprendre les compromis et choisir ses batailles.
Pour une fois, nous avons une fille "ordinaire" dans un contexte ordinaire, loin de tous ces personnages féminins qui justement "n'ont rien d'ordinaire". Je dois dire qu'en ce sens, c'est rafraichissant. Mélie n'est ni orpheline, ni magique, ni investie d'un pouvoir ni quoi que ce soit de sensationnel. Une ado comme les vrais ados, avec ce qui la compose généralement: les premiers amours tragiquement compliqués, les difficultés émotionnelles, la vie de famille pas toujours simple, etc.
Je ne peux pas dire que j'ai particulièrement aimé cette protagoniste, mais c'est davantage parce que je ne reconnais pas du tout l'ado que j'étais à travers elle, alors il est difficile de la comprendre ou de relater ses expériences. Pour moi, elle correspond plus à l'archétype typique de l'ado dans les romans et les films. Cela dit, c'est un personnage qui amène certains sujets intéressants - quoique beaucoup ont été exploités dans bon nombre de romans d'ado: un amours compliqué avec un gars plus ou moins sympathique, une rivalité avec une blondasse aussi superficielle que mesquine, des professeurs un peu cinglés à supporter et quelques escarmouches entre amies. Dans ce qui est moins déjà vu ( pour ma part), je note le fait que Mélie semble avoir le béguin pour l'ami de son frère, William, qui a trois ans de moins qu'elle et souffre d'embonpoint. Ça c'est nouveau! Et j'ai beaucoup aimé les quelques moments de complicité entre Mélie et son frère cadet Charles-Olivier ( alias Lolo), ainsi que ses séances de cuisine avec sa petite soeur Lucie ( Alias Lulu).
Il y a un détail qui m'a sauté au yeux: la quantité de temps consacré aux textos et appels par Mélie dans cette histoire. Elle est, pour ainsi dire, toujours en attente d'un message texte, et ça m'a épuisé de la lire à ce sujet. Je ne saurais dire si c'est là une normalité ou un stade plus additif d'usage de technologie, moi qui ne suis pas technophile, mais cette facette m'a semblé envahissante aussi bien dans un livre que dans la vie. D'une certaine manière, la présence de cette technologie ajoute un stress et c'est exactement ce que m'a semblé être Amélie: une jeune fille très stressée.
Tout comme les autres séries de l'autrice, c'est le style du roman qui est original. Amalgame de divers polices, de dessins, de symboles, de formes et de couleurs, on a tenté de reproduire un journal plus fidèlement que ces version où il n'y a que de l'écriture. C'est un visuel beaucoup plus dynamique, aéré et saisissant, qui a su plaire aux jeunes lecteurs moins"littéraires".
Par contre, d'un point de vue scénario, c'est difficile d'y trouver un fil conducteur. le roman correspond à une année scolaire et suit donc sa chronologie, mais ce n'est pas le schéma actanciel typique "problème-péripétie-solution-final". le titre même du roman , "La revanche de Mélie" fait référence à un seul évènement qui aura lieu à la fin, donc c'est un titre qui ne donne pas vraiment le ton du livre.
Donc, je dois considérer le fait que ce genre de roman plaira sans doute à un lectorat dont je ne fais pas parti. Ce que je peux en dire est que c'est une histoire plutôt standard, avec une histoire dont les péripéties et thèmes sont pour la plupart déjà vus, mais qui se démarque par son style original et le fait que le personnage soit crédible et accessible.
Pour ceux et celles qui ont lus la série "Défense d'entrer" avec Lolo, sachez qu'il n'apparait pas trop souvent, c'est donc bel et bien une série consacrée à Amélie et non une réécriture de la série. Contrairement à Lolo, Mélie semble même mieux se rappeler que lui les bons moments qu'ils partagent...enfin, quelques rares fois.
Pour les profs et les bibliothécaires: s'il n'y a pas vraiment de violence, on y trouvera quelques "vilains mots", surtout des qualificatifs négatifs ( "connard", "pétasse", ce genre de truc) dont la plupart sont parfois restreint par des "*". On n'y trouvera pas de sacres québecois.
P.S Vous trouverez aussi des recettes dans ce livre, puisqu'Amélie aspire à devenir Cheffe culinaire et cuisine beaucoup.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes La Bibliothèque de Sparkus: Si je devais avoir une bibliothèque privée on y trouverait..., Romans Jeunesse du Québec, Romans Jeunesse: Carnets et Journaux intimes et Romans Jeunesse: Tétralogie ou 4 tomes
Créée
le 13 janv. 2021
Critique lue 154 fois
Du même critique
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
Par
le 23 oct. 2022
4 j'aime
Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...
Par
le 25 févr. 2023
4 j'aime
Ce roman est CLASSÉ ADULTE, ce n'est pas un roman pour jeunes adultes, encore moins pour les ados et compte tenu de la présence de relation toxique, de violence sexuelle gratuite et d'objectivisation...
Par
le 29 mai 2020
4 j'aime