Tout ce qu'on ignore sur les écrivains Noirs Américains ayant vécu en France

L’auteur (1933-2007) était un professeur d’histoire et responsable du centre d’études afro-américaines à la Sorbonne ; il a rassemblé un fonds de plus de 2000 documents (conservé à l’université de Tours). Il a écrit de nombreux livres sur le sujet, dont une biographie de l’écrivain Richard Wright. Cet essai est très intéressant car il complète un puzzle, ou un iceberg dont on ne connaîtrait que la partie immergée : ce que l’on sait déjà de la fameuse « génération perdue » des écrivains américains des années ’20 comme Scott Fitzgerald ou Hemingway. Dès le 19e siècle, des Noirs américains ont séjourné en Europe ou s’y sont exilés. Les pionniers furent des intellectuels ayant assez d’argent pour le voyage. Puis en 1917, des soldats débarquent en France, ainsi que le jazz de l’orchestre Jimmmy Europe. (mais l'auteur est davantage un spécialiste de la littérature, il faudrait un autre ouvrage sur les musiciens!) Après la 2nde Guerre mondiale, ce sont surtout des marxistes fuyant le maccarthysme. L’auteur nous raconte ces arrivées successives, le sentiment de ces exilés vis-à-vis de la France, leurs déboires et leurs succès, leurs relations avec les chantres francophones de la « négritude » (René Maran, Paulette Nardal, Senghor), puis la fascination pour l’héritage africain. Le livre fourmille d’informations et donne envie de découvrir quelques écrivains. A noter, sans étonnement, qu’il y a trop peu de femmes dans cette diaspora. (Joséphine Baker, Carlène Polite, je n’ai rien vu sur la peintre Lois Mailou Jones qui a étudié à l’académie Julian à la fin des années ’20.) Il en ressort que Paris semble avoir été, dans ces époques successives, un creuset bouillonnant d’échanges d’idées.