Dans ce roman précieux et émouvant paru en 2005 aux éditions Verdier, le narrateur convoque le souvenir lointain et mémorable d’un trajet nocturne en voiture dans le brouillard, un retour en famille d’un dimanche chez sa grand-mère à Lubersac aux dernières heures d’un hiver exceptionnellement froid, «sévissant avec une violence d’un autre temps». Avant de rejoindre l’autoroute, sur une route ensevelie par le brouillard, tandis que les arbres et les ronces semblent avoir rompu au cœur des ténèbres les liens qui les retiennent habituellement pour venir obstruer la route, il se souvient de la voiture avançant au pied d’un mur blanc de brouillard et laissant derrière elle la route comme un corridor ruiné s’effondrant juste après son passage.
«Ce soir-là, à force de tâtonner dans le brouillard sans rien trouver d’autre à glaner que des lueurs, le soupçon s’insinua que nous étions passés de l’autre côté, du côté des routes abandonnées et des souvenirs incertains. Nous étions égarés dans l’un de ces lieux disparus qui, pour avoir été rejetés sur le bord de la route, avaient perdu tout droit à tenir rang parmi les choses réelles. Ainsi s’expliquerait le sentiment étrange que nous avions d’une route menacée, en sursis, d’une route qui n’avait plus la force de repousser les assauts d’une forêt désentravée.»
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