"La vie liquide" de Zygmunt Bauman.
Derrière cette très jolie expression ne se cache pas un livre de biologie ou une invention de pespicocacola pour manger liquide et se sentir bien dans sa peau et dans son corps.
Derrière cette superbe expression se cache une métaflore de la vie telle que la conçoit Bauman. Une vie inscrite dans une société où la précarité est érigée en outil d'un système , où les amours se font et se défont à toute vitesse, où les pertes de repères, de "valeurs" durables poussent à se raccrocher à celles du marché, qui en invente une nouvelle toutes les deux secondes, où les désirs sont aussi éphémères que la connexion de deux neurones chez Christophe Castaner (c'est dire, mais c'est la rareté du phénomène qui donne sa singularité à l'ami CC).
La vie liquide c'est : jeter, jeter tout ce qui se passe, on se rappelle, "Entre l’amour et le vide-ordures automatique la jeunesse de tous les pays a fait son choix et préfère le vide-ordures." (Ivain).
On swipe, on jette, on bloque, on vide, on balance, on écrase, on annihile, on scrolle, on storyse à toute vitesse et on va se consoler avec le cours de yoga de la semaine ou le nouveau livre de développement personnel écrit par un trou de balle qui aura réussi à concilier sa vie cynique avec un compte en banque confortable nourrit des milliers de nouveaux gogos affreusement tristes d'un tel vide de sens, dans tel nihilisme dans cette sorte de "geste", particulièrement caractéristique de nos sociétés.
Bref, La vie liquide est un livre fort sympathique, vraiment court, et qui survole ses sujets, mais qui reste intéressant par la diversité des situations analysées. Outre la force assez évocatrice de l'écriture de l'auteur, on retiendra chez cet alors vieux monsieur, une sorte de mélancolie constamment doublée de l'énergie de celui ou celle qui combat, même si le constat semble donner peu de poids à une "victoire".
A l'origine je voulais lire "L'amour liquide". Je me fais toujours avoir par des titres (c'est mon côté châtelain).