Maryse Condé ou l'aventure africaine
Maryse Condé est née le 11 février 1937 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette écrivaine extraordinaire livre dans son autobiographie qu'elle a intitulée "La vie sans fards", (publiée chez J-C Lattès en 2012) une grande partie de sa Vérité. C'est-à-dire, ce qui fut sa vie, sa vie de femme plus particulièrement. Dans ce texte passionnant de rebondissements, l'écrivaine emmène le lecteur dans plusieurs pays d'Afrique : Sénégal, Guinée, Ghana, Côte-D'Ivoire. C'est dans ce continent, source d'interrogations et de mystères, qu'elle commencera à élever ses quatre enfants. Celle qui fut éduquée au sein d'une famille faisant partie "de l'embryon de la petite bourgeoisie" guadeloupéenne va y connaître la détresse, les coups du Sort, la pauvreté et la solitude. Mais aussi l'Amour, l'étonnement, la Beauté. En Afrique, Maryse Condé enseignera dans plusieurs établissements, elle sera témoin de grands conflits, de grands moments historiques comme la nomination à la tête de la Guinée indépendante en 1958 d'Ahmed Sékou Touré, qui sera le premier président de cet Etat. Elle connaîtra également le racisme. Le racisme des Africains qui ne considèrent pas d'un bon oeil cette Guadeloupéenne débrouillarde, sachant très bien parler la langue de Molière.
On peut considérer La vie sans fards comme une vaste aventure. Une aventure africaine, universelle. Partie en quête d'elle-même, d'une identité noire, dont elle ne soupçonnait pas l'existence, que ce soit en Guadeloupe ou pendant ses études à Paris, Maryse Condé fait voyager le lecteur dans de vastes contrées. Elle lui présentera son parcours et ses rencontres hors du commun.
Comment une jeune fille promise à un bel avenir (En Guadeloupe, le père et la mère de Maryse Condé, les Boucolon se surnommaient les Grands-Nègres en raison de leur statut social. Il faut dire que les parents de l'écrivain furent le premier couple de noirs de l'époque à posséder une voiture, à être propriétaire etc.) a pu tomber enceinte d'un homme (le journaliste haïtien Jean-Dominique assassiné en 2000) qui l'a abandonné elle et son enfant, durant ses études de lettres à Paris ? Comment a t-elle pu se marier avec un homme, un Africain (Mamadou Condé) qui exerce la profession d'acteur ? Comment Maryse Boucolon s'est en somme retrouvée dans une telle galère ? Toutes ces questions résonnent dans le texte autobiographique.
Ce dernier se présente aussi comme un témoignage, une sorte de délivrance. Il nous renseigne ainsi sur ces différentes tranches de vie qui ont façonnées l'existence de l'auteur de Moi, Tituba Sorcière... (1986).
Sa vie de femme et de mère est celle qui est le plus mis en exergue dans l'oeuvre. Il fut en effet difficile pour l'auteure d'assumer ce sentiment de culpabilité vis-à-vis de ses enfants, qu'elle a fait voyagé de pays en pays. En suivant ses volontés de femme, l’héroïne aurait-elle pêché sur son rôle de mère ? La vie sans fards est aussi une tentative d'explication des propres choix de l'auteure. Pour ses lecteurs, mais également pour ses enfants et petits-enfants.
En écrivant ce texte aubiographique, Maryse Condé,(qui a écris son premier roman à l'âge de 42 ans) a fait le pari de dire la vérité, de montrer "une femme dans toute la vérité de la nature". Pari réussi.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Place aux écrivaines