En 1978, exaspérée par les positionnements de plus en plus absurdes et ridicules du féminisme idéologique qui cherchait à s'approprier un siècle de combat des femmes pour leur liberté, Annie le Brun décida de réagir. Elle le fit avec énergie et détermination, mettant à nu l'incohérence et le confusionnisme intéressée de ces porte-paroles auto-désignées qui occupaient alors la scène médiatique. Quarante années plus tard, on ne peut qu'admirer la justesse et la lucidité de son discours.
"Méprisant depuis toujours les maîtres qui ont des mœurs d'esclaves comme les esclaves impatients de se glisser dans la peau des maîtres, j'avoue que les affrontements habituels entre les hommes et les femmes ne m'ont guère préoccupée. Ma sympathie va plutôt à ceux qui désertent les rôles que la société avait préparés pour eux. "
"Pendant que le vieux monde s'essouffle à se rénover, les femmes acquièrent lentement une indépendance, mais une indépendance de consommateurs. Le néo-féminisme sert à les presser d'accéder à ce bonheur, venant les conforter dans une identité de pacotille qui ne vaut qu'à la lumière des échanges marchands et des rapports de force qui les engendrent. "
"Je sais que la vie s'invente toujours contre ces rôles que la plupart, comme d'habitude, acceptent avec une docilité frivole. "
"La misère des rapports humains ne tient pas plus à un sexe qu'à l'autre. "
"Plus une pensée a des prétentions totalitaires, plus elle se cherche des martyrs spectaculaires et, de ce fait, commodes à opposer à tous ceux qui ne plient pas devant elle. "