"Le canapé couleur de feu" est un conte plus critique à l'égard des hypocrisies sociales et religieuses du XVIIIe que véritablement érotique. Oui, il convient mieux de le ranger dans les ouvrages polissons bien plus qu'érotiques. A ce propos, on peut le rapprocher de la veine cynique et mordante de la "Justine" de Sade. Mais par contre, il faut aussitôt l'en éloigner pour ce qui est de l'érotisme. Fougeret de Montbron ne s'appesantit jamais sur les actes sexuels tout juste prétextes et évocations rieuses. Ils ne sont jamais narrés dans le détail.
Ce sont donc les commentaires des personnages eux mêmes, leurs conversations à bâtons rompus qui font la saveur de l'opuscule. Ils m'ont franchement bien plu. Le style est ironique, parfois d'une grande effronterie pour l'époque. Certes, l'humour n'y est pas toujours d'une grande finesse. Quelques passages font songer à la tradition rabelaisienne, paillarde, un brin scatologique, mais d'autres ne sont pas dénués d'une certaine subtilité.
Quoiqu'il en soit, le texte, par sa vivacité intellectuelle et son dynamisme littéraire, est nettement ancré dans son siècle d'exubérance. On y lit bien le temps des Lumières. Très court, agréable à lire et souriant.