Encore une fois, Chainani nous épate par son imagination débordante et sa tendance fort appréciée de malmener les stéréotypes tirées des contes classiques. J'admire la manière qu'il repense le rôle des femmes dans les contes, les "méchantes" comme les "gentilles". Derrière ce qui peut sembler déjà vu, il y a un beau travail de recherche.
Dans ce cinquième tome, qui se présente comme la suite d'un nouvel acte entamé dans le tome 4, nous sommes hors de l'école, dans les Bois, où Camelot est en crise. En effet, un autre Roi fait son apparition, clamant que Tedros est un imposteur et qu'il a battu l'actuelle menace des Bois, le Serpent. Seule Agatha a pu s'échapper de la rafle des personnages par Rhian, celui qui revendique la couronne de Camelot. Avec son frère hautement maléfique, Japeth ( sacré prénom!) Rhian change radicalement la position de Camelot, modifie même le château et entâme une vaste campagne de propagande contre l'École, Tedros, Agatha et même le Storien. Un sacré dictateur, quoi! Mais Agatha, fidèle à elle-même, rassemble ses alliés et entreprend de secourir son prince, sa meilleure amie et ses autres alliés. Royaumes cachés, sac magique, boule de cristal brisée, passé improbable, on ne s'ennuie pas. Et une fois encore, on a des méchants pires que jamais et des personnages qu'on pensait connaître, mais qui ne nous ont manifestement pas tout montrer de leur potentiel réel.
On est toujours dans une perspective d'opposition. Dans le premier, c'était le Bien contre le Mal. Dans le second tome, les filles contre les gars. Dans le troisème, l'Ancien mal contre le nouveau Mal ( et par extension un Mal gagnant contre un Bien faiblard). Le quatrième tome ouvre la voie d'une autre opposition: le factice contre le réel et le cinquième amène une extension d'une version contre une autre. Les deux derniers tomes nous amène donc à nous interroger sur la source même des contes. Les contes dépendent du point de vue de l'auteur et sont donc hautement subjectifs. À quel camp correspondent donc chaque personnage? Quelles actions peuvent être considérées "bonnes"? Celles motivés par le Bien? Ou celles du Gagnant? Ou celle des protagonistes?
Un autre beau travail de Chainani, malgré quelques petites incongruités dans certains passages qui manquaient de fluidité. Cependant, on a ici un univers très créatif et haut en couleurs, en contraste avec une violence perturbante qui rappel les contes d'origine à l'époque des frères Grimm ou même les contes oraux du Moyen-Âge. Bref, ce n'est pas du Disney, peu s'en faut!
*Chainani nous offre la première version du chapitre 16, à la fin du livre, qui nous décrit des lieux inédits. Retiré de la version finale, Chainani a voulu nous partager ce chapitre, sans "spoiler" le tome 5. Merci à lui!
C'est bien la première fois que je vois un homme est victime de viol dans un roman et c,est aussi horrifiant que pour une femme. Autre chose: j'aime bien que le serpent soit amoureux de son meilleur ami.