Un brillant roman que nous offre Gaëlle Josse en imaginant les derniers jours et les souvenirs du dernier gardien d'Ellis Island.
Cette île était l'entrée principale des immigrants qui arrivaient aux États-Unis du 1er janvier 1892 jusqu'au 12 novembre 1954.
Nous sommes en novembre 1954, et cette île où accostaient et étaient "triés" les migrants venus principalement d'Europe, va fermer ses portes.
John Mitchell, le directeur, arpente encore une fois les bâtiments, le cimetière et note sur quelques feuilles ses souvenirs, entouré de ses fantômes…
Il raconte sa vie, mais aussi celle de ces migrants qui ont tout laissé et qui arrivent plein d'espoir.
Il a presque toujours vécu ici, pendant 45 ans, rigoureux et attentif, fonctionnaire dans les services de l'immigration, dirigeant, observant tout, évitant les corruptions et autres vols, et a toujours refusé de quitter cette île qui est devenue sa maison, son refuge, sa vie…
Il a vécu les conflits mondiaux par l'intermédiaire des migrants, voyant des vagues importantes arriver dans ses services, les prisonniers de guerre ou les décès de ses proches…
Il est secondé par une équipe pour accueillir, soigner, et classer les migrants ; car La Mérica (l'Amérique selon les italiens) n'accepte ces personnes qu'après un questionnaire de 29 questions et refoule les malades, les politiques engagés, les délinquants… L'île était surnommée "l'île des pleurs".
Mais ce fonctionnaire zélé avoue sur le papier quelques écarts qui le minent...
Cet homme qui se veut une sentinelle inflexible se révèle humain. Il quitte ainsi sa maison où il a vécu si longtemps, presque un demi-siècle, à regret. Toute une vie !
J'ai vraiment aimé le style de l'auteure, à la fois simple, profond et complètement immersif.