Eoin Colfer conclue sa série fantastique par un melting pot de l'univers d'Artemis Fowl

Après un sixième volume en demi-teinte et un septième tome médiocre, la saga avait grandement besoin d'un coup de jeune voire d'un retour aux sources. Le Dernier Gardien prend place quelques mois après Le Complexe d'Atlantis et Artemis s'est juste remis de ses névroses qui constituaient l'intrigue du livre précèdent mais avait aussi brisé le charisme du héros. Comme il est de coutume pour le tomes paires, Opale Koboï est le grand ennemi du livre et revient avec pour projet de détruire l'humanité et d'asservir le peuple des fées.
On retrouve bien sur tout ce qui fait le charme de la série, à commencer par les personnages attachants que l'on retrouve pour la plupart - même si Butler se fait malheureusement discret dans ce tome - et qui font bien qui ressortir leurs différents caractères au travers des joutes verbales qu'ils continuent de partager de livre en livre. On voit aussi revenir le "combat cérébral" entre Artemis et Opale qui luttent constamment. Le scénario reste donc inventif et les idées de l'auteur sont toujours très bonnes, en particulier pour ce qui est des plans improbables et géniaux ou des retournements de situation (même si on les sent venir).
On regrettera quand même certaines scènes trop improbables ce qui peut laisser penser que l'auteur s'est servi de ce huitième volume pour caser les idées qui ne rentraient pas dans les autres livres. L'intrigue est définitivement moins crédibles et réaliste que celles des premiers tomes comme en témoigne l'omniprésence de la magie dans les moments forts. Cette dernière est sortie de ses gonds - comprendre les trois pouvoirs des fées décrits dans les premiers tomes - et les facultés que donnent la magie noire à Opale sont disproportionnées mais surtout incompréhensibles du lecteur. Les explications qui justifient ces pouvoirs sont confuses et on y adhère moins spontanément. La base scientifique sur laquelle la magie s'appuyait dans les premiers tomes n'est plus de mise, Opale parvient par exemple à échapper à une désintégration de son corps en se plaçant au coeur de la chambre de l'explosion ce qui a pour effet notable de la transformer en une version nucléaire d'elle même...
Le pire c'est que ces situations sont souvent desservies par la narration, qui rend leur comprehension pénible. Eoin Colfer a toujours négligé la description de l'action au profit de la representation de ce que pensent les personnages, voir d'apartés pour le lecteur. Ce style est souvent jouissif mais il est ici poussé à l'extrême ce qui nuit parfois considérablement à l'idée que le lecteur se fait de la scène. Ainsi, on en arrive parfois à perdre le fil d une situation pourtant simple. Heuresement, l'humour est toujours aussi savoureux (et bien traduit) ce qui fait qu'on accroche encore à l'aventure.
Malgré ses défauts, Le Dernier Gardien parvient a faire oublier le septième tome et à s'imposer comme un assez bon Artemis Fowl. Il offre une bonne conclusion à la série bien qu'un peu rêveuse, et nous laisse une agréable image de l'épopée du héros.
BenZarbi
6
Écrit par

Créée

le 8 juin 2013

Critique lue 269 fois

1 j'aime

BenZarbi

Écrit par

Critique lue 269 fois

1

D'autres avis sur Le Dernier gardien

Le Dernier gardien
BenZarbi
6

Eoin Colfer conclue sa série fantastique par un melting pot de l'univers d'Artemis Fowl

Après un sixième volume en demi-teinte et un septième tome médiocre, la saga avait grandement besoin d'un coup de jeune voire d'un retour aux sources. Le Dernier Gardien prend place quelques mois...

le 8 juin 2013

1 j'aime

Le Dernier gardien
Lumina33
8

Critique de Le Dernier gardien par Lumina33

C’est un tome très « poursuite et combat », donc je lisais sans plus de conviction… Mais le plan de fin d’Artemis est inattendu et ingénieux, comme d’habitude, ce qui a réhaussé mon intérêt. Qui...

le 12 mai 2019

Le Dernier gardien
WeaponX
6

"Ce n'est pas la fin de l'histoire"

Artemis Fowl tire sa révérence. L’adolescent le plus intelligent du monde magique et d'au-delà s'arrête là, devenant adulte avec son lectorat en définitif. Si ce tome n'est pas exempt de défauts,...

le 3 juin 2017

Du même critique

Shadow of the Colossus
BenZarbi
9

Face aux colosses, l'émerveillement

Une tour se dresse au bout du pont. Vers elle se dirige un jeune homme à cheval, portant sur lui une silhouette emmaillotée. Déterminé, le cavalier entre dans l'embrasure de la porte et descend vers...

le 5 août 2013