Artemis Fowl tire sa révérence. L’adolescent le plus intelligent du monde magique et d'au-delà s'arrête là, devenant adulte avec son lectorat en définitif. Si ce tome n'est pas exempt de défauts, loin de là, il a le mérite de conclure honorablement une bien longue saga. Les dernières pages se montrent à cet égard d'une rare finesse. Mais revenons au livre.
Tout commence de manière légèrement exagérée par une révélation catapultée de nul part. Le manoir des Fawl serait intimement lié à la magie depuis des générations pour une raison inconnue. Et puis tout s'enchaine rapidement, en quelques chapitres : Opale - antagoniste des tomes paires de la sage - fait un chantage : on la libère ou elle se tue. Ou plutôt fait tuer sa jeune elle venue du passé. Les conséquences de cet imbroglio temporel seraient quantiquement dramatiques, ou dit autrement, Eoin Colfer se fiche de nous avec un soi-disant paradoxe qui se termine en fissions nucléaires et l'apocalypse technologique - pour les humains comme les fées. Bon, bref, Opale s'échappe et ramène la Terre à l'âge de Pierre le temps d'une nuit. Quel nouveau plan maléfique et brillantissime a-t-elle ourdi pour la suite. L'apocalypse, la vrai cette fois, la fin de l'espèce humaine par le biais d'un puissant sortilège enfoui... sous le manoir des Fowl. Beaucoup de facilités, quelques clichés, sans parler des adversaires du tome - les berserkers - âmes de guerriers ancestraux réduits à se battre dans des corps d'animaux. C'est léger, en trop gros contraste avec le dramatisme quant à lui exagéré de la menace.
Dans le positif, parce qu'il y a du positif qui permet au tome de rester plaisant à la lecture : des bons moments pour tous les personnages, ce qui permet de les quitter sans regret. On a notamment un Mulch assez énorme durant tout le tome (sa première apparition surprenante, le flashback sur sa première mort officielle, son moment chevaucheur de Troll). Foali a son love interrest, bien incorporé au récit pour servir de break bienvenue à l'aventure principale. Enfin, la rencontre au sommet Opale / Artemis m'a plu, avec un duel final à la résolution réussie (l'élément du tome qui ressort à mon sens, au-delà de la nostalgie à l'idée d'en finir avec une longue saga).