Le Fond du ciel par ElGato
Un livre qui fait se sentir stupide, ça n'est jamais forcément agréable, bien sûr. Mais en général ce genre de sentiment est plutôt inspiré par des bouquins de philo, des auteurs réputés arides, ou les Principia Mathematica.
Netsabes (voir ci-contre) avait survendu cet auteur il y a longtemps, le rapprochant de Borgès - que j'adule comme tout humain normalement constitué. La bibliothèque la plus proche me proposait un quatrième de couverture survitaminé : ça citait Borgès, Pynchon, ça causait pop culture et science-fiction, et en plus la couverture était jolie. Banco.
Une semaine plus tard.
Il y a beaucoup de littérature là-dedans, certes ; des citations, des auteurs, et plus généralement de vraies réminiscences de Philip K. Dick. De la SF mais pas uniquement ; l'auteur est suffisamment malin pour placer tout le monde exactement au même niveau, lorsque le talent y est. Il y a aussi un narrateur très bien écrit, une belle histoire d'amour, et plein d'autres trucs intéressants.
J'ai reconnu les clins d'œil, compris chaque phrase séparément, réfléchi là où on me demandait de réfléchir.
Et me voilà, avec l'impression d'être un ordinateur très évolué qui aurait appris les émotions dans un mode d'emploi : je n'ai rien ressenti, pas compris grand-chose à l'ensemble, suis passé complètement à côté et me suis fait profondément chier.
J'ai vaguement cru lire une version virtuose, contemplative et mature de La merveilleuse vie d'Oscar Wao, ce livre si peu fait pour la virtuosité, la contemplation ou la maturité.
Bien sûr, j'ai un peu honte ; un si grand roman, pensez donc. Du coup, j'ai emprunté un autre des bouquins de Rodrigo Fresan.