Au tout début du XXème siècle, Emmett Dalton relata du mieux qu'il put l'épopée mouvementée d'une des fratries les plus célèbres de l'histoire du far west avec celles des frères James et Younger. Le récit, ici dans une édition française de Beyond The Law illustrée par quelques photographies d'époque, se compose de deux parties.
La première partie, après une présentation de la famille Dalton qui se révèlera vaste de quinze frères et soeurs, soulève la période épique et non sans violence (la vitrine et la rude réalité de l'époque), expliquant comment les trois frères Dalton concernés feront le choix de franchir les limites de la loi, eux qui officiaient d'abord en tant que marshalls en suivant le chemin d'un frère aîné, Frank Dalton, tué lors d'une mission en territoire indien quelques années avant. Dégoûtés par un système injuste, par de la corruption dominante, des maigres revenus de leurs soldes et surtout par l'attitude d'un détective au service d'une puissante compagnie ferroviaire, un dénommé Will Smith zélé et vaniteux qui les inculpera souvent sans preuve pour des faits autres que les leurs (Gratt Dalton en avait pâti), les frères finirent par rendre leur étoile et formèrent le gang avec d'autres compagnons de chevauchées jusqu'à ce qui aboutira par le drame tragique du double hold-up meurtrier de Coffeyville dans l'état du Kansas en 1892.
La seconde partie résume le passage carcéral d'une durée de quatorze années d'Emmett Dalton, le seul rescapé de l'embuscade de Coffeyville qui, après avoir payé sa dette à la société, décrivit et dénonça d'une manière édifiante, un système judiciaire et carcéral injuste qui sévissait souvent odieusement pour les plus démunis considérés à plus grand chose. Certains détenus étaient exploités et se tuaient à la tâche pour les intérêts de riches notables, ce qui était formellement condamnable par la loi mais était souvent passé sous silence par des relations placées en haut lieu, dans une justice américaine sujette à beaucoup d'inégalités. Cette seconde partie s'avère presque plus prenante que la première plus épique.
Voilà un bouquin qui se lit très bien et balaie dans la foulée tout manichéisme souvent vu dans des films hollywoodiens. Il ne cherche pas à faire l'apologie des actes du gang, loin de là, mais Emmett Dalton tenait réellement à défausser une certaine légende et à écarter les brumes de rumeurs tenaces et d'accusations à tort pour des méfaits que, ses deux frères et lui-même bien que devenus bandits, n'avaient pourtant pas commis de leur côté. Il dénonce aussi parfois avec colère, en plus des affabulations qu'il y eut à leur encontre, des agissements lâches de certaines personnes envers des proches, hommes de loi autoproclamés comme ceux qui assassinèrent un Dalton innocent dans le dos pour décrocher une gloire et une postérité. Mais c'est aussi un livre de rédemption dans lequel l'auteur voulait et veut encore, par delà la mort, transmettre un message aux futures générations sur les erreurs à ne pas commettre dans une société même loin d'être parfaite, cherchant à enlever des inspirations et de mauvais idéaux dans les jeunes esprits en mal de vivre qui seraient donc tentés de se pencher vers la facilité par des aventures pouvant aboutir à des conséquences funestes.