Henri plane... Buster pleure...
L’idée de départ était formidable. Une jeune femme superpose le destin de deux hommes, à aux étranges similitudes, qui partagent cette incroyable particularité d’être « incassable ». Il s’agit d’abord de Henri, son presque frère, souffrant d’un handicap mental et auquel elle est très attachée. L’autre est Buster Keaton, acteur mythique du muet au destin tragique presque à son insu sur lequel elle écrit une biographie. Ces deux hommes vont traverser leurs vies semées d’embuches, de chutes et de souffrances, sans en être toutefois, visiblement affectés. Florence Seyos dresse d’Henri un portrait tout en subtilité, plein de tendresse et aussi d’émerveillement face à cet être, sorte d’éternel petit garçon qui lui apporte tant. Cette même empathie aurait été souhaitable pour dresser le portrait de Keaton. A l’inverse, sa vie et sa carrière sont survolées sans approfondissement. L’auteure reste trop sur la réserve et ne propose en parlant de l’acteur, qu’un style épuré de toute passion. Il n’empêche que « Le garçon incassable » est un roman palpitant, délicat et très fluide. On pénètre dans cette intimité de ce frère hors norme et de cette sœur aimante, partageant leurs réflexions mais surtout cet amour infaillible qui les lit. Au-delà de l’émotion... le charme discret du bonheur…