Un texte court et puissant qui raconte la vie d’un homme vivant en Argentine depuis les années 30 après avoir quitté Varsovie, en y laissant une partie de sa famille juive, dont sa mère. Ce livre met en parallèle la vie à la base tranquille de Vincente à Buenos Aires et les évènements horribles perpétrés à l’égard de la population juive d’Europe.
Ce livre prend le point de vue d’un homme passif, loin, qui ne se sent à la base pas plus juif que polonais, allemand ou argentin mais qui va au fur et à mesure de temps qui passe, des quelques lettres qu’il reçoit et des quelques informations qui filtrent dans la presse se murer dans un silence profond, en proie à des sentiments mêlés de culpabilité, d’impuissance, d’incrédulité. J’ai trouvé le propos traité très finement, avec beaucoup d’émotions. Je conseille ce livre notamment à tous les jeunes qui n’ont pas encore eu l’occasion de lire sur le sujet car il permet de rentrer dans la compréhension de ce drame unique, et aussi à tous les autres car ce livre est doté d’un souffle d’authenticité émotionnel très intense, sans doute est-ce dû au fait que Vincente est le grand-père de l’auteur.
Le style de l’auteur et certaines phrases pourraient être légèrement retravaillées mais ce n’est rien de gênant, cela un reste un très bon récit que je recommande.
Un des points qui m’a également particulièrement intéressé est cette mise en perspective du temps et des déclarations dans la presse. Les éléments ont été connus au fur et à mesure et ne faisaient jamais la une, comme si l’on traitait le sujet sans trop y croire, incrédule devant cette horreur absolue, ne voulant pas la reconnaître comme humaine car ne voulant pas s’y associer.
Vincente qui traverse une phase de dépression intense, en pleine torpeur par rapport au monde qui l’entoure, ne regardant plus sa famille, sait qu’il y a, que des choses atroces se passent, se sent coupable, mais n’y peut rien, et perd la parole se jetant dans le poker afin de se sentir, en tout perdant démuni, expiant ainsi la faute qu’il s’attribue.
Avec tout le respect pour le victime et ces évènements, ne contestant en aucune manière l’horreur absolue et unique de cette extermination méthodique, cela a fait écho pour moi à la faible couverture qu’ont eu les scientifiques qui dénonçaient un capitalisme responsable d’extinction de masse et détruisant la planète il y a quelques années. Certes aujourd’hui on finit par en parler, comme hélas à l’époque quand il était trop tard.