Vicente et Rosita vivent en Argentine avec leurs deux filles et leur petit garçon. Ils ont fui l'Europe et la montée du nazisme. Vicente tient un magasin où il vend les meubles produits dans l'usine de son beau-père. Et puis la guerre arrive, et les premières informations sur l'invasion de la Pologne où sont restés sa mère et son frère. Puis sur l'enfermement dans le ghetto de Varsovie. Les événements sont connus de nous. À chaque nouvelle étape Vicente s'enferme davantage dans le silence, dans le ghetto intérieur de la culpabilité car il n'a pas tout fait pour faire venir sa mère et son frère. "Je peux rien. Je ne peux rien ? Où est la différence?"
Après la fin de la guerre, savoir ce qu'il aurait dû savoir mais ne pouvait pas savoir scellera le silence de Vicente, enfermé à jamais dans la haine de soi, l'imagination galopant follement à la poursuite des dernières heures de vie de sa mère.
L'histoire de Vicente est racontée par Santiago, son petit fils, dont l'œuvre littéraire dit assez le poids de cet héritage de silence - Une enfance laconique, Une jeunesse aphone, Une adolescence taciturne...