Incroyable comme les paysages du Hunsrück, en Rhénanie, cette communauté villageoise de Schabbach (inutile de chercher, celui-ci est inventé) et cette famille Simon que l'on suit de 1919 à 2000 peuvent vous retenir! Et l'on se prend à vouloir reconstituer les vies de nos grands parents et parents - diraient-elles autant de choses des mutations de notre siècle ?
À première vue, Heimat aurait tout d'un documentaire : le rythme, le noir et blanc (enfin, pas toujours), la diction et l'intonation (en allemand en tout cas), le souci du détail, le poids du quotidien. Au début on se dit qu'on ne va pas tenir la distance. Et puis si. Et même on en redemande. Sauf qu'au terme de 3 saisons et quelque 50 heures de visionnage, on est parvenu à la période contemporaine, et la série s'arrête. C'est que l'histoire familiale des Simon se double bien sûr de la grande histoire, celle du douloureux retour de la première guerre mondiale, de la montée irrésistible du nazisme - jusque dans les consciences -, de la déflagration de la seconde guerre, de la reconstruction et du miracle économique des PME allemandes. Heimat donne aussi à voir le bouleversement des territoires ruraux et l'accélération fantastique des innovations techniques. Le chez soi de la "Heimat" a cessé d'être un monde clos et protecteur. Pour le pire, la guerre y est entrée, mais aussi pour le meilleur. Il est grand ouvert au monde. L'aviation, la photographie, la radio, l'automobile y pénètrent et réveillent l'envie d'ailleurs. Les structures familiales en sont bouleversées, les hommes partent, les enfants partent. D'épisode en épisode, cet élargissement au monde est palpable, jusqu'outre Atlantique. La vie circule, sans frontière.
50 heures ? le prix de l'intimité...