Mettre des mots sur le silence comme a décidé de le faire Santiago Amigorena est déjà une gageure, du coup, mettre des mots sur les mots du silence alors…
Au début de ce roman, il y a Vincente Rosenberg qui déplace son élégante silhouette, légèrement dilettante dans les rues de Buenos-Aires ; en périphérie, il y a la guerre en Europe et une prise de conscience progressive mais inéluctable de l’horreur puis au cœur, il y a le silence. Le silence encore, le silence toujours de Vincente en réponse aux échos du pire.
A la langue bureaucratique et performative des nazis fabriquée pour taire le massacre tout en le faisant exister quels mots opposer ? Vincente n’a trouvé que le silence. Mais un silence dissonant, tapageur. Le mutisme comme première défaite. Un personnage qui ne se définit plus que, par ce qu’il a manqué, plus que par ce à quoi il a échappé.
Plus le roman avance plus on a envie de lui dire : chuchote si tu veux , parle mal même, autrement surtout, que les mots te brûlent ! mais qu’ils viennent, si la barbarie a le dernier mot tout est fini…