Miracle de la littérature, hier en occident médiéval, aujourd'hui en Chine communiste...
N'ayant jamais rien lu de Mo Yan, prix Nobel de littérature 2012, je suis doublement ravie d'avoir débuté sa connaissance avec un récit autobiographique et d'avoir choisi un récit si vivant, si personnel et si dépaysant.
Dans "Le grand chambard" ("Change" est le titre original), l'auteur et le narrateur sont une même et seule personne - même si ça ne peut jamais se réaliser tout à fait. De son adolescence dans sa province natale et son expulsion de l'école pour une impertinence qu'il n'a pas commise à son ascension sociale comme auteur, en passant par ses temps d'errance personnelle au sein de l'armée, souffrant de son manque de qualifications et frustré dans ses aspirations, Mo Yan nous ouvre les portes d'une Chine à plusieurs vitesses dont les traditions ont reculé devant le communisme. Un parcours très éloigné de nos repères.
Pour moi qui ne connais vraiment pas grand chose à la culture chinoise, ni à son histoire, encore moins à sa littérature, ce récit a constitué une parfaite introduction et a su éveiller ma curiosité. D'autant plus que j'ai apprécié le style de son auteur qui, au premier abord, pourrait rebuter mais qui, en se développant, se laisse apprécier pour sa simplicité qui touche souvent à l'humilité. Mo Yan est un grand bavard, le lecteur le sent, lui-même l'avoue volontiers et pourtant, la narration reste assez directe et ne s'embarrasse que de rares digressions. Mon seul bémol sera pour le changement de rythme intempestif. Les deux premiers tiers du roman se déroulent en effet sur une période assez resserrée alors que le dernier tiers semble précipiter le lecteur un peu rapidement vers la sortie, en couvrant trente ans.
Une oeuvre brève à découvrir, ne serait-ce que pour se faire une idée de la plume de son auteur.