1788, un convoi s'apprête à traverser le monde, de l'Empire britannique à la Nouvelle Galles du Sud, la future Australie, pour y installer une première colonie pénitentiaire. A son bord, le jeune Daniel Rooke a toujours composé avec un monde qui lui semblait hétérogène. Enfant surdoué, solitaire, il attend de son aventure militaire la découverte d'un nouveau monde, tout en étant tenu à la rigueur de son engagement au service de la couronne. Choqué dans sa jeunesse par la mise à mort d'un déserteur, il entend respecter le code de la loi tout en suivant celui de la morale. Mais de l'autre côté du monde, les choses ne lui apparaîtront pas aussi simples.

Formé comme astronome, le lieutenant Daniel Rooke profite de son étude pour s'isoler dans les hauteurs de la baie où les hommes ont abordé. Les contacts avec les « naturels » sont d'abord timides. Daniel Rooke entreprend, grâce à la complicité de jeunes aborigènes, et particulièrement à l'amitié d'une jeune fille, de comprendre leur langue et leur culture. Rapidement, le lieutenant érudit est exalté par l'apprentissage de cette civilisation et de ce qu'elle porte.

En contre bas, loin de son dôme d'observation, les soldats britanniques souffrent de la faim et de l'isolement. Suite à quelques échanges violents avec les aborigènes, des représailles sont organisés. L'heure de prendre position semble s'approcher pour le lieutenant astronome.

Kate Grenville s'est plongé dans ce nouveau roman dans l'histoire des aborigènes d'Australie pour relater le parcours de son lieutenant. Mais son héros n'est pas une figure entièrement fictive. Le point le plus fort du roman est sans conteste ses emprunts aux véritables journaux de recherche sur le peuple cadigal de William Dawes, jeune militaire qui connut une aventure similaire. Engagé contre l'esclavage, l'homme est connu pour ses combats, de l'Australie à Antigua, où il finit ses jours. On ne manquera donc pas de se passionner pour ses recherches, ses notes, et sa curiosité humaniste.

Le roman perd de sa densité par certains aspects narratifs un peu lent, par le manque de nuance de certains personnages, et quelque part une retenue, une édulcoration du récit de la rencontre ethnocentriste des britanniques et des aborigènes, même si l'idée est présente.

Mais l'histoire, originale, et documenté, mérite la lecture.

Emma Breton
madamedub
7
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le 2 mars 2012

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