Même après l'avoir terminé, j'hésite encore. Je choisis de le noter plutôt positivement car j'ai tout de même pris du plaisir à sa lecture, et l'idée de départ est trop séduisante pour qu'ai envie de le sanctionner sur la forme. Parce que bon, c'est vrai que c'est pas facile... Pendant de longues, très longues pages, je me suis demandée si c'était moi qui ne comprenait rien, qui n'était pas suffisamment assidue dans ma lecture pour bien suivre. Mais force est d'admettre que le fil narratif est bigrement compliqué à suivre, quant à l'écriture en elle-même... très spéciale. Je pense que c'est le genre de bouquin à lire exclusivement dans la langue originale, notamment pour les nombreux jeux de mots, mais aussi pour certaines tournures de phrases. C'est mieux, aussi, si on connaît Londres, tant qu'à faire.
Et puis, note à l'éditeur : ce serait sympa de signaler au lecteur qu'il existe un lexique à la fin du livre, histoire de ne pas le découvrir 30 pages avant la fin ^^
Ensuite, sur le fond, il y a des choses un peu téléphonées (les rapports père-fils en miroir dans le monde de Dave et dans le monde post-Dave) et d'autres bien trouvées, comme le symbole de la Roue. Côté personnages : celui de Dave prend de la consistance au bout de plusieurs centaines de pages, et aux deux tiers il devient vraiment intéressant, ça fait du bien. Dans le monde post-Dave, c'est plus compliqué, ces êtres entretiennent des rapports tellement différents au monde que nous, qu'on peine à cerner leur psychologie, en tout cas pour ma part, zéro empathie pour eux. Leur drôle de vie ritualisée à l'extrême, en compagnie des motos, a tout de même de quoi fasciner, et horrifier. L'atmosphère étrange provoque malaise et sentiment ambivalent chez le lecteur -c'est réussi.
J'ai un peu la sensation, en l'ayant terminé, d'être passée vraiment tout près d'un livre génial...