Je suis très partagée suite à la lecture du Livre perdu des sortilèges.
Indéniablement, j'ai adoré puisque j'ai dévoré les 700 pages en un week-end, soit autant en deux jours que dans les six derniers mois. Pour autant, je ne suis pas sûre d'avoir aimé. Reprenons dans le détail.
Diana est une universitaire reconnue et une sorcière qui ne s'assume pas. Tout va bien dans le meilleurs des mondes, jusqu'à ce qu'elle découvre un livre enchanté. A partir de ce moment, toutes les créatures surnaturelles vont s'intéresser à elle, y compris un vampire intriguant Matthew Clairmont.
Le point de départ de l'histoire est très intéressant. Le début mêle surnaturel, science et histoire de manière très documentée et donc très intéressante. Lorsque l'héroïne prétend s'y connaitre en Histoire, elle ne prétend pas juste avoir lu le dernier Stéphane Bern, contrairement à d'autres bouquins où l'héroïne étudie la littérature anglaise et ne lit que Jane Austen (Twilight, After, ...). La recherche derrière l'histoire donne un "background" intéressant, ouvrant même des perspectives d'enrichissement de culture personnelle. Le cadre de l'histoire m'a plu également, puisqu'on passe d'Oxford à l'Auvergne. Il est cependant évident que l'auteure n'a jamais mis un pied en Auvergne car la description est ultra sommaire et pas du tout réaliste. Cela me fait également rire quand le personnage prétend être "Près de Lyon", sachant qu'il y a 250 km entre les deux villes... et que Lyon n'est pas en Auvergne. Mais je m'égare sur des questions de territorialité. Le cadre est original, sert le propos et change des lieux habituels de récit.
On retrouve nos habituelles créatures, avec leur déconstruction de mythe habituelle : vampires qui ne craignent pas le soleil, démons qui n'ont pas grand chose de démoniaque et sorcières dans la mouvance wiccane. Ce n'est pas d'une franche originalité, mais ça passe. Des explications sur leurs "origines" sont au cœur du roman, ce qui est plaisant.
Cependant, le livre compte pas mal d'aspects négatifs.
L'histoire, qui débute par une enquête, finit en romance feuilletonesque. Comme on le devine rapidement, Diana et Matthew tombent amoureux très très très rapidement. A la moitié du livre, soit après deux semaines de relation, ils sont déjà mariés, formant une famille recomposée nunuche. Ils parlent enfants aux 3/4 du livre, avant même d'avoir eu des relations sexuelles. Le début de romance est intéressant mais elle tombe rapidement dans les travers du genre : l'héroïne féministe et indépendante devient soumise et bête, le vampire est protecteur et méchant mais pour la bonne cause, ... J'ai également eu l'impression que l'auteure veut faire étalage de sa connaissance en oenologie, ce qui devient désagréable à partir de la troisième bouteille. Le livre n'est pas "réfléchi" en terme d'histoire. On nous raconte "tout" : ce qu'ils font du lever au coucher, leur repas, leurs boissons, leurs vêtements, ... C'est donc relativement lourdingue. On comprend les motivations de chaque protagoniste très rapidement puisque tout est raconté, ne laissant que peu de places aux suppositions et aux fantasmes.
C'est sympathique, c'est un feuilleton, on veut savoir la suite. Mais pour l'instant, c'est un 5.