Lauréat du Prix Espiègle 2017 des Bibliothèques scolaires primaires du Québec


Voici un roman parfait pour ceux et celles qui aiment les livres qui sont à la frontière entre roman et BD, et les histoires de méchants sur fond d'humour absurde.


Dans la proprette ville typique du Far West Blancheville vit un méchant notoire, dont la détestable attitude n'a d'égal que l'horreur de son physique et l'ignoble odeur de ses infâmes cigares dont le nom est lui-même si épouvantable qu'il est perpétuellement couvert par un cri de corneille. On le connaîtra donc sous le nom de "CRoâââ". le problème, voyez-vous, est que ce méchant, dont vous tenez l'histoire entre les mains, est quelque peu agacé de voir ladite histoire finir toujours de la même manière: ligoté comme un gros saucisson sur son cheval par le beau Éliot, blond cowboy plus intelligent que les autres, et finir expédié à travers le désert. Il a donc un plan: devenir PIRE encore pour éviter de perdre. Mais bon, c,est bien connu, non? les méchant finissent toujours par perdre. Oh, mais qu'est-ce que ce trou dans le livre...une autre histoire?

Un roman qui joue sur sa propre forme, c'est amusant! Ce méchant, dont le nom est toujours caché derrière un cri de corneille, joue donc sur les pages elle-même, cherchant un moyen de changer la fin, qui le place dans le rôle du perdant.

La police d'écriture est à la mains, au crayon noir, somme toute assez claire et écrite en lettres majuscules. Là aussi on joue avec la forme, avec des accentuations sur certains mots en les grossissant et avec tous ces "Croâââ" avec une corneille à l'appuie viennent assurément rendre la lecture plus attractive. Vous avez aussi pléthore d'images et d'ajouts imagés pour illustrer l'histoire, au style humoristique.

Bon , bien sur, on reste dans les stéréotypes très convenus: le gros méchant puant, fainéant, mesquin, malpropre, odieux, moche, fumeur de gros cigares malodorant, au langage grossier, sans la moindre qualité, dont même le cheval est détestable et complice de ses "crimes". Mais là encore, "crimes", nous parlons de choses du genre "salir les vêtements propres", "voler des crèmes glacées aux enfants" et autres "mauvaises actions". A proprement parler , donc, c'est plus un type détestable qu'un vrai criminel. Et bien sur, son antagoniste est tout le contraire: beau, blond, mince, la dentition favorable, le cerveau plus évolué, la neurone facile. Même ses chevaux sont blancs. Mais! Je lui accorde, il fait appelle aux autres courageux de la ville contre le méchant. Un point pour lui. Stéréotypes classiques donc.

Je constate un petit détail qui me fait vraiment plaisir: l'absence du mot "indien" ( parce qu'on dit un "autochtone") et son remplacement par le mot "Sioux", de la Nation Sioux, bien sur.

Et, finalement, je suis aussi agréablement surpris par la qualité des mots, qui sont variés, dont certains plus étoffés. On a une foison de synonymes et de long mots. C'est donc un texte intéressant pour développer le vocabulaire, avec un meilleur français que le laissait supposer le sujet.

C'est donc un roman déjanté qui se veut surtout humoristique, à jouer sur les extrêmes, les formes amplifiées, la surenchère de vilainie pour un méchant finalement plus dérangeant que dangereux, et les jeux de forme sur le livre-même. Une certaine dose d'absurde aussi.

Il y a une suite avec "La brute, la belle et l'autre méchant".

Pour un lectorat du second cycle primaire ( 8-9 ans)

Shaynning

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