Le Pèlerin
6.6
Le Pèlerin

livre de Fernando Pessoa (1920)

J’attends toujours le texte qui me fera aimer Pessoa, dont la lecture m’est régulièrement conseillée par des gens que j’estime. Le Banquier anarchiste m’avait paru pauvre, le Pèlerin m’a donné l’impression de lire du sous-Kafka mâtiné de Hermann Hesse. Certes, il s’agit d’un récit inachevé, mais les inachevés de Kafka étaient meilleurs, voire bien meilleurs ; quant à la comparaison avec Hesse, elle n’implique à mon sens pas de compliment inconditionnel : de chiures de mouche psychologiques en nuances de baromètre… – ça n’est pas laid, mais bordel, qu’est-ce que c’est mou !
Le Pèlerin est évidemment à lire comme un conte. En tant que tel, il revêt une portée symbolique (ou allégorique) qu’il faut à peine expliciter : « Par cette description qui ne décrit rien, mais qui dit la vérité sur ce que je sentais, on peut imaginer ce que ma vie était devenue depuis que j’avais vu l’Homme en noir. » (II, p. 42). Mais ici, la portée symbolique se combine à une quasi-absence d’action. Notre héros marche ; épisode manquant ; notre héros rencontre une femme ; notre héros reprend la route ; épisode manquant ; notre héros continue à marcher, etc. : tel pourrait être résumé le Pèlerin. Cela n’empêche pas de lire assez régulièrement des passages intéressants – je ne dirai pas stylistiquement marquants, s’agissant d’une traduction, ou alors c’est d’un style qui ne serait pas exactement celui de Pessoa –, ainsi « Pour éloigner de moi cette idée, je manquais de manque d’indolence. » (III, p. 48) ; mais les classiques du conte, et même certains contes plus récents, proposent davantage de richesse.

Alcofribas
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le 15 oct. 2016

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