Un excellent roman policier classique par l'un des grands maîtres japonais du genre, entre Simenon pour les qualités d'écriture et d'analyse sociale et Agatha Christie pour les intrigues un brin tarabiscotées. Comme dans la plupart des histoires de disparition, la première partie, qui accumule les événements mystérieux entre Tokyo et une petite ville de province, est la plus intéressante, plus que le dénouement, un peu téléphoné. Ce qui compte ici, c'est l'ambiance de ce Japon des années 50 encore extrêmement conservateur et machiste. On s'attache au personnage de Teiko, une jeune femme victime d'un mariage arrangé, pratique encore fort courante à cette époque dans la société niponne. On apprécie aussi particulièrement les descriptions très parlantes des lieux et des paysages dans une région marquée par un hiver éprouvant pour une citadine: pour un peu on s'y croirait. Et si l'on aime les chemins de fer, on est servi: la plupart des romans de Matsumoto se déroulent en partie dans des trains, ici ceux qu'emprunte l'héroïne pour ses multiples allées et venues depuis sa résidence tokyoïte et la glaciale région du nord où son mari a disparu...