Ce récit s'apparente à ceux De Maupassant. Bien rythmé, d'un style irréprochable, alliant prosaïsme et fantastique et dont la brièveté agit sur le lecteur avec la fulgurance d'un orage, avec son cortège d'attente curieuse, d'appréhension, de peur et enfin de soulagement quand les éléments s'apaisent d'eux-mêmes.
Le narrateur voyage en malle-poste en compagnie d'un officier à la double réputation de héros et de dandy, l'un de ces hommes qu'on admire ou qu'on haït, ou les deux à la fois. En tout cas, l'un de ces personnages dont on soupçonne que leur vie ne fut qu'une succession de batailles, de défis, de bonnes fortunes et... de mystères. Alors que leur malle est immobilisée de nuit dans une petite ville de province et qu'on est allé tirer du lit un charron pour réparer l'avarie, les deux hommes portent involontairement leur regard vers une fenêtre obturée d'un rideau cramoisi. Pour l'officier, cette vue est un choc et lui rappelle quel fut le premier drame de son existence, un drame où se mêlent l'amour et la mort.
Le mystère prend ainsi forme sous la plume alerte de Barbey d'Aurevilly qui, c'est palpable, cherche à surprendre son lecteur et à faire émerger le sensationnel d'une situation banale. J'ai vraiment eu l'impression de me replonger dans "La peur et autres contes" de l'ami Guy ; au final, un moment de lecture agréable mais pas inoubliable.