A la façon de G. R. R. Martin et quelques autres auteurs de haute volée, Pierre Pevel sait laisser ses lecteurs haletants à l'issue de chaque tome. En effet, l'Héritier se clôturait de façon bien obscure, Lorn Askarian ayant cédé à ses plus viles pulsions et abandonné le lecteur transi.


Avec le Roi, troisième opus de la saga du Haut-royaume, c'est un chevalier sombre, capitaine de la Garde d'Onyx, qui augure, à instar de ses contemporains devant la cendre rouge, une guerre de succession se profiler à l'horizon de la fin de la trêve des larmes. Le Haut-roi étant mort, son fils ainé doit logiquement lui succéder. Mais les conciliabules sont nombreux autour du couronnement du roi putatif et la reine Célyane n'est jamais la dernière à ourdir les pires vilenies qui soient. Qu'on se le dise, ce tome sera sanglant et nul ne sera épargné par la violence qui ébranle le Haut-royaume jusque dans ses fondations.


Avec sa plume altière, le sieur Pevel joue une fois encore avec les nerfs de ses lecteurs. Serments, trahisons et destinées d'essence divine composent cette suite qui se voit menée tambour battant de bout en bout. Le héros du récit, taiseux et implacable, suit une sente sinueuse dont on peine à deviner la destination finale. Lorn le sait il lui-même ou bien est-il le jouet de sa constellation ? Et ce ne sont pas les Gardiens, qui vaticinent à l'envi, qui discernent plus clairement des futurs avérés dans l'enchevêtrement des volontés draconiques. Toujours est-il que notre protagoniste, surmontant les avanies de son existence rude, va parvenir à l'apothéose d'un récit qui tranche de façon sanglante sans parvenir à jeter un pont entre le présent et l'avenir.


Je n'ai pu lâcher l'ouvrage et ai dévoré les 300 dernières pages (sur 400) d'une traite. Par son écriture fluide et enlevée, l'auteur sait maintenir l'intérêt du lecteur et je ne puis que me réjouir de disposer du tome quatre pour connaître le destin qui est auguré au héros corrompu. Encore une magnifique réussite narrative pour le fleuron actuel de la fantasy française !

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le 1 janv. 2021

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