Ingmar Langdon est un terrien bien ordinaire. Il n'aime rien tant que son immense bibliothèque bien à l'abri dans les flancs de son vaisseau. Il est un des derniers humains à avoir recours à des livres voire à savoir lire. La technologie a tellement évolué que l'homme n'a plus besoin que de l'oralité pour vivre. Les robots se chargent du reste. L'humanité est passée en dessous du milliard d'individus et a essaimé au travers de l'univers.
Tout aurait pu continuer ainsi lorsque le tirage au sort effectué par les machines désigne Ingmar comme étant le prochain stochastocrate - c'est la dernière fois que j'ai recours à ce terme bien compliqué à prononcer. Cela signifie qu'il est l'homme le plus puissant du système humain, car il est devenu le nouveau leader de l'humanité.
Le temps où les politiques se battaient pour obtenir le pouvoir est révolu. L'abstentionnisme croissant et la baisse des vocations politiques ont mené à ce changement de système. D'aucuns prétendent qu'il s'agit là d'une dictature. Parmi eux, il y a les démos qu'on considère comme étant des nostalgiques des temps anciens. Les plus virulents sont déclarés Indignes et partent rejoindre ceux que, dans une démarche eugéniste, on estime comme étant des humains altérés.
Ingmar va commencer par essayer de fuir ses fonctions, d'autant qu'on n'hésitera pas à tenter de le tuer. Finalement au Palais, il va rencontrer celui qui occupe le poste de répartiteur, l'équivalent de premier ministre, Nilan. L'homme n'est pas élu, ni désigné, il est là par soif du pouvoir. Le principal souci est que l'humanité est entrée en contact avec la première espèce intelligente non humaine voyageant dans l'espace. Nilan et sa clique tiennent à leur déclarer la guerre. Comment Ingmar fera-t-il pour empêcher cela alors que l'exil le menace, voire même un attentat ?
Ce roman est l'exemple type de la SF française de la seconde moitié du XXe siècle. Agréable à lire sous une plume dont la renommée n'est plus à faire, on pourra regretter les raccourcis à la limite du recours au Deus ex machina qui viennent terminer ce roman. L'idée est originale et, sous les attributs d'un roman de SF distrayant, dissimule une vraie dystopie mettant en lumière les risques d'une démocratie qu'on négligerait. Un classique de la SF française qu'on doit à ce grand monsieur qu'est Gérard Klein.