La fantasy a son maître et il s’appelle J.R.R. Tolkien

Lorsque je me suis inscrit sur Senscritique, Le Seigneur des Anneaux était la première œuvre dont je voulais réaliser une critique. Ma vaine tentative a duré une bonne demi-heure : ouvrir une page Word, taper 2 ou 3 phrases, effacer, recommencer, puis effacer à nouveau et au final je me suis rendu compte que je n’étais pas prêt à me lancer dans la critique du produit culturel m’ayant le plus influencé. Ces 3 tomes m’ont propulsé hors de ma chambre pour m’expédier au monde de l’imaginaire. Ils m’ont aussi donné un goût immuable à la lecture, en particulier celle faisant appel à l’imagination (fantasy, science fiction, fantastique…).


J’ai toujours aimé croire que l’histoire de la Terre du Milieu était un lointain passé oublié. Un passé dont les récits se seraient perdus à travers les âges. La Terre du Milieu est ma mythologie.


Chose paradoxale avec Tolkien, le monde qu’il a imaginé est d’une telle richesse que l’on penserait l’écrivain inspiré par une vie de voyages et de rencontres exotiques. Il n’en est rien. Né en Afrique du Sud, Tolkien arriva en Angleterre à l’âge de 3 ans dans la région de Birmingham. Il partit ensuite à Oxford pour ses études et ne quitta cette région qu’en de rares occasions. Tolkien a voyagé d’une toute autre manière. D’une manière qui s’affranchit des kilomètres et du temps. Je veux bien sûr parler de ses lectures. Il étudia la littérature anglaise et scandinave, appréciant ce qu’il appelle «ce noble esprit du Nord». Ses écrits sont donc logiquement fortement inspirés des mythologies anglo-saxonne (Beowulf, Nibelungenlied) et finnoise (Kalevala).


Tolkien était un sage parmi les sages, professeur de vieil anglais à Oxford et membre des Inklings (un cercle littéraire où l’on partageait et discutait de ses écrits). Il obtint son premier succès en 1937 avec la publication du Hobbit, un conte qu’il avait écrit pour ses enfants. Pressés par son éditeur, Tolkien se lance dans l’écriture d’une suite. Le Seigneur des Anneaux fût au final un dur labeur d’une dizaine d’années pour l’écrivain.


Aujourd’hui, les fans de l’œuvre sont souvent perçus comme des geeks, mais dans les années 60, Le Seigneur des Anneaux a eu énormément de succès dans le milieu de contre-culture hippie pour différentes raisons. D’une part pour l’herbe à pipe prisée des hobbits qui est certainement du cannabis, que Ganfalf décrit comme le moyen de



s’éclaircir l’esprit et chasser les ombres. De donner de la patience et de permettre d’écouter sans colère les choses fausses.



Les mouvements anti-guerre, féministe et des droits civiques de l’époque se retrouvaient dans ces «petites gens», les hobbits qui défient courageusement le Mordor, cette région militaro-industrielle, qui plonge le monde de la Terre du Milieu dans une guerre impopulaire. Les féministes se reconnaissaient dans la force et l’indépendance d’Eowin, dont la seule peur est



une cage. De rester derrière des barreaux jusqu’à ce que la fatigue et l’âge les rendent acceptables et où toutes chances de faire de grandes choses seraient enfouies dans la mémoire et le désir.



L’ambiance sereine et antimatérialiste qui règne dans la Comté était très proche de l’état d’esprit de cette jeunesse des années 60 qui cherchait ce retour à la simplicité et surtout à la capacité d’apprécier la vie. Les Beattles avaient d’ailleurs envisagé de faire une adaptation du Seigneur des anneaux avec Paul McCartney en Frodon, Ringo Starr en Sam, George Harrison en Gandalf et John Lennon en Gollum. Le chanteur de Led Zeppelin, Robert Plant, chante sur le titre Ramble On :



It was in the darkest depths of Mordor/I met a girl so fair/But Gollum and the evil one crept up…



Je ne vais pas m’attarder sur l’histoire de cette grande épopée. Celle-ci est trop belle pour être résumée en une ou deux phrases. Ce récit, aux personnages charismatiques et aux batailles épiques, vous prend aux tripes et ne vous lâche plus jusqu’à son dénouement. Beaucoup de personnes ont abandonné leur lecture à cause des 150 premières pages qui servent à «planter le décor». Pour ma part, cette partie est l’une des plus intéressantes car elle plonge le lecteur dans cette ambiance enchanteresse et lui permet de se familiariser avec les us et coutumes des habitants de la Terre du Milieu.


J’avais 12 ans lorsque Le Seigneur des Anneaux m’a ouvert les yeux. La lecture de ces 3 tomes a été mon rite de passage pour devenir un homme et je n’ai pas eu besoin de fumer l’herbe à pipe pour cela.


Critique du Silmarillion :
http://www.senscritique.com/livre/Le_Silmarillion/critique/32116932


Critique du film:
http://www.senscritique.com/film/Le_Seigneur_des_Anneaux_La_Communaute_de_l_anneau/critique/32302182

Vincent-Ruozzi
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le 21 mai 2015

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