Le Sillon n'est pas une mince affaire. Ne vous lancez pas dans sa lecture avec légerté. L'écriture est dense, compacte. Les dialogues sont imbriqués dans le texte narratif, il faut donc être vigilant à sa lecture et rester concentré pour apprécier l'essence de ce livre. Mais si l'on fait l'effort de respecter la forme littéraire choisie par l'auteur, alors on en apprend beaucoup.
Dans cet ouvrage qui, pour moi, relève plus du récit de témoignage et de l'essai que du roman, on nous parle de la Turquie, et plus particulièrement d'Istanbul.
À travers cette ville-monde, Valérie Manteau aborde le vivre-ensemble turque et la cohabitation de plus en plus difficile, en rapport avec les tensions politiques et religieuses grandissantes (l'ouvrage est publié en 2018), entre les différentes communautés du pays : Arméniens, Kurdes, Albanais... Tout cela à travers le prisme régulier d'un certain Hrant Dink, journaliste et défenseur Turque et Arménien de la liberté, assassiné en 2007.
Vous voilà prévenus, Le Sillon n'est pas un livre facile, autant sur le fond que dans sa forme. Je le recommande à tous les lecteurs exigeants qui défendent la liberté d'expression et souhaitent connaître un autre visage de la Turquie. Un prix Renaudot pour moi mérité.