Robert Silverberg est incontestablement un des plus grands auteurs de science-fiction. Il a écrit de nombreux chefs-d'oeuvre et obtenu plusieurs prix. J'ai souhaité lire Le temps des changements (prix Nebula du meilleur roman en 1971) parce que ses livres Les Monades urbaines et Les Ailes de la nuit m'ont particulièrement marqué.

L'histoire se passe sur la planète Borthan. Une planète où le plus grand tabou est de parler de soi.

« - Ce tabou qui vous interdit de parler de soi, me demanda Schweiz une autre fois, pouvez-vous me l'expliquer ?
- Vous voulez dire l'interdiction de prononcer je et moi ?

- Pas tellement ça mais plutôt l'ensemble du système de pensées qui vous fait nier qu'il existe des choses telles que le je et le moi, répondit-il. Cette nécessité où vous êtes de garder secrète en tout temps votre vie privée, sauf avec vos frères et vos sœurs par le lien et vos purgateurs. Cette coutume qui vous pousse à ériger autour de vous des murs si solides qu'ils affectent même votre grammaire. »

Kinal Darrival est le fils cadet du Septarque de Salla, une des régions les plus riches de Borthan. Il est promis à un bel avenir. L'histoire est son journal, un journal qu'il rédige caché dans le désert alors que son peuple le recherche pour le mettre à mort. Il va nous expliquer comment un riche jeune homme est devenu un "montreur de soi".

Le talent de Robert Silverberg n'est plus à démontrer et Le temps des changements fait partie de ses livres de grande qualité.

Il nous plonge dans une société complexe où toute individualité est bannie par peur de l’arrogance. L'histoire est racontée à travers le journal du personnage principal, Kinal Darrival. Petit à petit, on découvre par ses yeux la société dans laquelle il vit. C'est un modèle qui peut paraître dans un premier temps séduisant et altruiste, mais on s’aperçoit vite qu'une société basée sur la négation de soi ne peut au final qu’entraîner frustrations et douleurs. Les gens y vivent comme des ombres, détachés de tout et donc insensibles à l'amour et au bonheur.

Les personnages sont d'une grande complexité. Leurs sentiments sont parfaitement décrits. On comprend leurs choix, leurs peurs, leurs douleurs et bien entendu leur actions. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre le personnage de Kinal. Au début, il n'a rien d'un héros. C'est un personnage hésitant et malheureux. Mais, au fil des pages, les caprices du destin l'obligent à grandir, et il se retrouve presque malgré lui entraîné dans Le temps des changements.

On fait inévitablement le parallèle avec notre monde à l'époque où ce texte a été écrit. On sent l’influence de mai 68. Le moi plutôt que la machine impersonnelle de la société, l'usage des drogues pour s'ouvrir aux autres. Même si ce message peut paraître daté sur certains points, la drogue notamment, il apparaît encore d'actualité concernant la place de l'homme dans la société.

Pour conclure, Le temps des changements est un roman engagé. Malgré ses 40 ans, il reste en bien des points percutant. Un roman à lire indiscutablement.

Note : 8/10
DarkHawk
8
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le 26 janv. 2014

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DarkHawk

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