En parallèle du génial et foisonnant Rêves de gloire, Le train de la réalité propose une dizaine de textes courts prenant place dans le même univers uchronique. Cette fois-ci, la plupart des narrateurs se trouvent en métropole, au lieu d'Alger dans le premier roman, et ils comblent les quelques manques qui subsistaient jusque là, donnant à voir la vie des français de l'intérieur, et pas seulement ce qu'on en savait depuis l'enclave maghrébine. Ainsi, l'auteur développe à nouveau toutes les divergences historiques avec notre propre réalité, et en particulier l'assassinat réussi de De Gaulle, en 1960. La moitié des narrateurs se vantent ici d'en être responsable, chacun pour une raison différente, qu'elle soit politique ou nihiliste ; jusqu'à un dernier qui les comptabilise avec amusement, persuadé d'être le seul vrai assassin. Les autres fragments sont des témoignages de personnages très variés, peignant avec précision l'atmosphère de cette époque - fictive, mais tellement véridique. Un jeune homme qui découvre la Gloire avec Sartre, un agent communiste planqué comme libraire à Marseille, un rocker ultra qui parle comme une caricature de péquennot texan, ou l'ultime rescapée d'un groupe d'activistes performeurs ; des gens qui ne ressemblent pas du tout, ne se rencontrent pas, mais sont liés par un point commun : leur questionnement sur leur place dans le monde, la vie et l'histoire.
Le train de la réalité, c'est prendre conscience de sa briéveté, de notre infime pouvoir sur le monde, et choisir de ne pas être passif, mais décider sa vie. Ne restez pas à quai, sautez dans le wagon.
... il n'y a pas de dieu, rien que le monde fait de matière et
d'énergie où la conscience n'est qu'une étincelle fugitive qui émerge du néant uniquement pour y retourner. Il n'y a que le train de la réalité qui fonce dans la nuit sans que rien ni personne puisse l'arrêter.