Au XXIIIe siècle, la terre surpeuplée passe le stade vertical : on construit d'immenses tours de 3 kilomètres de haut et on les remplit de centaines de milliers d'habitants, pendant qu'autour, les terres planes servent à l'agriculture pour nourrir toutes ces bouches
Ce changement radical s'accompagne d'une évolution des mœurs ultra libérée : encouragement à une surnatalité, disparition de toute notion d'intimité, de pudeur ou d'exclusivité sexuelle, la politesse consistant même pour les hommes à prêter leur épouse aux voisins qui en ont envie, voire même leur propre corps, et réciproquement. Mais ce chaos apparent est rigoureusement encadré, et reposant sur une pyramide de castes et de richesses inébranlable. Bien que tout soit théoriquement autorisé, il est mal vu de s'abaisser à copuler avec les résidents des étages inférieurs, à avoir moins de 4 enfants ; et surtout, sont punis tout comportement déviant, critique poussée du système ou envie de sortir du bâtiment, par une chute mortelle dans le vide-ordures.
Le livre commence comme un prospectus souriant de l'utopie réalisée par les monades urbaines, car la majorité est convaincue de la perfection de cette solution pour loger les 75 milliards de terriens. Puis on passe par quelques étapes plus colorées, psychédéliques et orgiaques, avant d'entrer dans les rêveries bucoliques d'un individu déphasé, qui ne survit plus dans l'espace confiné et synthétique, et meurt d'envie de sentir le soleil et le sable. À partir de là, le masque se fissure, et l'on commence à saisir les failles de cette cité idéale, qui se veut une avancée grandiose dans l'histoire de l'humanité alors que ceux qui la peuplent ne sont que des pions supprimables à l'envie, atrophiés de la plupart de leurs capacités, sensations et perceptions. Dans l'absolu, la solution verticale est efficace, mais une vie de poules en cage et de lavage de cerveau n'a rien d'enviable, et vire vite à la dystopie totalitaire.