Un bon fond, mais une forme discutable
Je suis parti très bon public avec ce livre, pourtant, je n'y arrive pas. J'aime les anecdotes croustillantes, les petites indiscrétions du pouvoir. Mais j'apprécie moins le flot continu d'informations, sans trame cohérente et les faits difficilement vérifiables. Et c'est le problème dans ce livre, il est un amalgame de gros défauts.
Le fond impressionne par la qualité et la minutie de l'information, mais la forme fini invariablement par lasser dès le second chapitre, c'est à dire au tout début du livre.
On a droit en effet à une succession de vacheries plus ou moins impliquées politiquement, (depuis Mitterrand jusqu'à la Sarkozy) et à un déballage de diverses preuves de collusion de certains journalistes du Canard avec le pouvoir.
Le problème est que les informations sont présentées de manière trop détaillées et qu'elles font références à des périodes et des personnages secondaires peut être connues du public branché parisien, mais obscurs et trop éloignés de moi à l'heure actuelle. Certains personnages ne sont que de vagues chefs de cabinets ou de seconds couteaux. Les personnages principaux sont égratignés au travers d'anecdotes qui tournent aussi souvent sur la forme d'un règlement de comptes un peu amer. Le ton navigue toujours sur la vague du cynisme, de l'humour noir ou des piques un peu trop vaches. On ne franchit jamais la limite, mais ça finit par devenir indigeste.
Par ailleurs certains exemples déjà beaucoup trop détaillés sont aussi redondants, et les sources de manière générale trop peu citées.
Du coup je m'interroge sur la véracité de certaines et je peste sur l'avalanche de détails des autres, qui nuisent réellement à la compréhension du texte.
Au final l'aspect massif prend facilement le pas sur le croustillant et j'ai du m'accrocher pour finir le premier tiers du livre.
J'ai quand même apprécié de voir le cynisme de certains journalistes et politiques, toujours les mêmes d'ailleurs, qui une fois collé devant leurs frasques gesticulent et brassent du vent pour faire passer l'orage. Mais c'est du déjà vu, du réchauffé.
Finalement l'aspect historique avec la création du Canard avec Maurice Maréchal et l'époque Clémenceau passe trop vite. Et si l'on retient facilement que les directions successives du Canard se perdent en complaisance ou en agressivité inutile avec l'un ou l'autre des camps politiques, on souffle devant l'inutilité d'un déballage exhaustif et mal cadré. Il manque en effet une grosse touche d'originalité et surtout un fil conducteur à ce bouquin.