Attention, attention, avis à là population livresque ! Méfiez-vous !
Sous ses airs débonnaires, son sourire charmeur et sa conversation délicieuse, Laurent Scalese est diabolique ! Cet homme met gravement en danger votre sommeil et vos nuits ! Créateur d'insomnie, responsable d'yeux creusés… Joignez vous à moi et hurlons à l'infamie ! Ou alors précipitez-vous dans une librairie et procurez-vous ce livre. C'est bien aussi...
Ce "Baiser de Jason" est d'une perversité rarement atteinte. Pas dans la violence mais dans la manipulation qu'il n'hésitera pas à employer pour vous perdre.
Pas le temps de respirer, à peine celui d'aller aux toilettes entre deux chapitres. Ce roman fait perdre des kilos. De sueur, d'inanition et de stress.
Aucun temps morts, l'intrigue enfile les rebondissements comme on enfile les perles dans un collier, chacune s'ajoutant pour amplifier la valeur de l'ensemble.
D'ailleurs, ce n'est pas qu'un roman policier, c'est un roman de guerre. Urbaine certes mais sanglante.
Une guerre déclarée entre le trafiquant de drogues, le mystérieux Jason, et les forces de police. Et il n'y aura pas de quartiers. Pour personne. C'est ca qui est excitant dans ce bouquin, aucun personnage n'est à l'abri. Dès lors, le sentiment de danger ne vous lâche pas. Ne vous attachez à aucun personnage sous peine d'y perdre votre âme et d'y laisser des plumes.
Ce qui serait facile si ce diable d'homme ne rendait pas ses personnages aussi humains, incarnés et vivants. Chacun d'entre eux est une petite pépite extraite de la mine d'or aux personnages. Vous savez, cette mine où il faut creuser si profond que peu d'auteurs arrivent à en extraire d'aussi précieux. Une rareté. Quelle maîtrise ! Laurent Scalese fait partie de ces dénicheurs de personnages qui provoquent des coups de foudre immédiats aux lecteurs au cœur d'artichaut.
À commencer par son bad Guy, percutant et hargneux, qui vous prend à la gorge comme un rottweiler, prêt à la déchirer. Si Janus vous a plu, vous allez adorer Jason.
L'équipe de flics, menée par le bouillonnant Eric Vidal, est un modèle du genre. Une équipe bigarrée aux personnalités marquées. Chacune est un modèle de construction, typée, racées, aux contours brillamment esquissés.
Ce roman est démoniaque, une fois agrippé à vos doigts, une bande velcro en sort, s'enroule autour de vos mains et vous force, a coups de baffes, à rester éveillé jusqu'à la dernière page. À la fin, les bandes se désintègrent et vous laissent le souffle coupé, la vision troublée, avec la sensation d'avoir croisé la route d'un putain de thriller.
Pour terminer Scalese ne serait pas Scalese s'il ne parsemait pas son bouquin de références à ses livres précédents. Kiff ultime pour ses fans. On retrouvera ainsi mentionné ou actif nombre de ses précédents flics : Elie Sagane du "Samouraï qui pleure", Sage Gardella de "Des Pas sous la Cendre" et encore Paul Legac, Bietri et Bruno Coste de "L'Ombre de Janus" dont l'ombre va justement hanter aussi ce livre.
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