Une fondation éthologique du comportement moral
Frans de Wall surfe un peu sur la vague de son succès. Classé dans le Top 100 des personnalités influentes par le Times, invité à parler avec le Dalaï Lama, son approche comparée de la coopération chez les grands singes et l'homme fait son petit effet. Ce dernier livre reprend peu ou prou les précédents, en exposant les différentes expériences menées avec des chimpanzés et des bonobos, le but étant pour l'auteur de mettre en évidence qu'il y a une racine commune, biologique, entre l'homme et les autres primates (et plus largement les mammifères, tels que l'éléphant ou le chien) en ce qui concerne le comportement moral.
Ainsi la thèse est simple : il n'y a qu'une différence de degré et non de nature entre l'homme et les animaux, et le cas des grand singes est intéressant car la différence de degré est dans beaucoup de cas infime (en terme de capacités cognitives, et aussi empathiques). Là où Frans de Wall s'égare un peu, c'est qu'il en sort une "critique" de la religion (entre gros guillemets) consistant à dire que puisque nous trouvons les origines de la moralité chez nos proches parents, il est idiot de penser que c'est un Dieu qui nous l'as donnée, à nous qui serions "Naturellement" mauvais et violents.
C'est très instructif en ce qui concerne les mécanismes de l'empathie chez plusieurs espèces, mais la compréhension de la religion comme phénomène social est assez limitée dans son propos. Ce n'est pas tellement sa faute, il réagit principalement aux propos de collègues américains, qu'il cite abondamment, et il faut bien reconnaître qu'il à affaire à une belle brochette de simplets. Cela étant dit l'argument de fond (nous n'avons pas besoin de postuler un Dieu pour justifier l'existence de la morale) est faible.
Très intéressant éthologiquement et anthropologiquement parlant, mais peu profond philosophiquement.