Sans aucun doute le livre parfait pour apprivoiser le printemps du moment. Un vent de liberté et de renouveau envahit la nature qui m’entoure ici dans les Alpes. Les sommets enneigés commencent à perdre le manteau blanc. Les bourgeons naissants annoncent l’éclosion d’un futur verdoyant. Le soleil est le compagnon idéal d’une fin de journée qui s’éternise dans cette lumière printanière. Lire Le Bruissement des feuilles de Karen Viggers (Editions Les Escales) dans ce contexte fut idéal et parfait !
Trois personnages avides de liberté
C’est un livre qui parle avant tout de liberté. Celle qu’on obtient, celle qu’on prend, celle qu’on saisit. Miki, une adolescente à l’aube de sa majorité. Léon, un garde forestier nouveau venu dans le coin et Max, un jeune garçon sensible en proie à un harcèlement vorace. Karen Viggers nous dresse un portrait émouvant de ces trois personnages avec, pour point commun, un amour infini pour la nature, la faune et la flore. Miki se passionne pour les arbres et les diables de Tasmanie, Max n’a de yeux que pour sa chienne et ses petits quant à Léon, descendant de bûcheron, il a choisir de faire un pied de nez à ses ancêtres pour se consacrer à la sauvegarde de l’environnement.
La nature source de liberté, terrain de jeu inoubliable propice à toutes les aventures, à toutes les méditations, à toutes les libertés. Tous les trois en manque terriblement. Miki est contrainte par son frère, Kurt – dernier membre de sa famille encore en vie- à rester enfermée dans le diner qu’elle tient avec lui. Max subit la colère de son paternel Shane qui ne manque pas de renouveler sa déception face à un fils qui ne lui ressemble pas. Léon tente d’apprivoiser et de construire sa propre vie loin d’un modèle parental compliqué, et de se délester d’une inquiétude éternelle pour sa mère, femme battue.
Un parcours initiatique, chemin vert vers une métamorphose
L’auteure en fait des personnages attachants et réussit à créer un très bel équilibre dans leur traitement tout en créant au fil des chapitres des liens solidaires, forts, beaux, honnêtes et simples entre eux. Karen Viggers nous peint, dans toutes les teintes, un parcours initiatique en quatre parties : Graines, Germination, Croissance, Les sous bois. L’évolution de la plante de sa naissance à son épanouissement est un magnifique parallèle avec la métamorphose de Miki, Max et Léon. Tel une chenille dans son cocon se transformant en chrysalide en attendant patiemment que se révèle un sublime papillon.
Coup de coeur également pour la figure du grand-père de Léon, Thomas, ancien bûcheron qui m’a beaucoup fait penser à Grand-Mère Feuillage dans le dessin animé Pocahontas. Karen Viggers en fait un médiateur, un porteur de sagesse entre les bûcherons prêts à terrasser la forêt coûte que coûte pour nourrir leurs familles et notre trio adoré messager réfléchi, amoureux des lieux. Le Bruissement des feuilles est une ode à la nature, une invitation à sa préservation.
Son roman élève notre conscience verte. Il est très bien tissé et prend racine dans une petite ville d’Australie mais pourrait tout aussi bien se dérouler ailleurs. C’est un message universel de tolérance humaine qu’elle envoie à travers une écriture bienveillante.