Même si ces derniers jours, tous les fans s’arrachent le dernier Thilliez du moment LUCA aux Editions Fleuve, ce n’est pas dans cette nouvelle publication que je me suis plongée – rassurez-vous je devrais recevoir ce succès annoncé dans quelques jours – mais dans La mémoire fantôme paru en 2007, il y a donc plus de 10 ans. Pour tout vous dire, je suis une inconditionnelle de l’auteur (chronique ici et là) et pensais avoir tout lu de lui jusqu’à ce qu’Eloïse, ma belle-sœur, me le mette entre les mains. Belle surprise de découvrir cette source intarissable !
L’auteur nous prend par la main
Dès les premières lignes, je suis dedans. C’est vraiment incroyable cette capacité de Franck Thilliez de nous saisir par la main, par les cheveux, par toutes les parties de notre corps et de notre esprit et de nous suspendre instantanément au fil de l’histoire. Le talent encore et toujours qui se dessinait déjà chez lui en 2007. Il y a une grande part d’imagination chez l’auteur mais il y a également un autre pan plus scientifique, une recherche méticuleuse pour tenter de percevoir tous les aspects du sujet au cœur du roman. Ici, la mémoire ! Très honnêtement, je ne suis pas scientifique pour un sou, je n’ai aucune logique et ne suis pas curieuse dans ce domaine et j’ai la sensation que Franck Thilliez l’a bien compris. Il place donc Lucie Henebelle à la place du lecteur « ignorant » qui n’a absolument aucune notion et à qui il faudrait tout expliquer avec des mots simples pour poursuivre l’intrigue sans être perdu. Excellent point ! Car même si on ne comprend pas tout, les barrières sont levées.
La gente féminine prend cher
J’ai été ravi de retrouver Lucie Henebelle et qui plus est dans un thriller porté sur le féminin avec le duo de la flic qui enquête et de Manon la victime dont la mémoire lui échappe tous les quatre minutes. Elles tissent des liens forts et se font du bien mutuellement. Franck Thilliez les a mis dans une bulle. Elle partage des failles, des insécurités, se font une confiance aveugle et se découvre une attirance l’une pour l’autre. Malgré la mise en exergue de ce diptyque féminin, j’ai trouvé que l’auteur les malmenait un peu trop souvent à mon goût. Il faut dire que j’ai réveillé une très vive aversion pour le personnage de Turin, policier au fait du dossier réouvert depuis la découverte de Manon Moinet, perdue dans les rues de Lille. Un homme exécrable, vicieux, pervers, violent, monstrueux, répugnant … qui ne peut s’empêcher de considérer la femme comme un objet sexuel à souiller. Il a avec Lucie et Manon – d’autant plus – une attitude, un comportement intolérable.
A plusieurs reprises, je me suis même dit : « Mais que fait Thilliez ? Quand arrivera donc le moment où Turin va se prendre un bon coup de poing américain, un bon coup de genoux dans les parties ou mieux encore une petite castration bien sentie ! » J’en ai rêvé mais l’auteur ne l’a pas fait. Au lieu de cela, Turin, qui je le rappelle est flic, s’en sort blanc comme neige après avoir violé Manon Moinet. Mais n’est ce pas ce que cherche Franck Thilliez dans ses romans, réveiller chez le lecteur des émotions excessives, réveiller l’intolérable ? Dans ce cas présent, c’est réussi !
Encore un Thilliez a dévoré, a savouré ! Je ne voulais pas entrer dans l’intrigue pour laisser totalement planer l’affaire. Il ne faut jamais rien dévoiler le concernant, chaque page est un indice, chaque élément un pas en avant. La mémoire fantôme est un thriller à conseiller sans le moindre doute !