Altérité cannibale

"Le cannibale et les termites" est bien plus qu'un simple roman d'aventures dans la jungle de Papouasie, même s'il en dégage en même temps la fluidité narrative ainsi que le plaisir des images et des parfums sauvages. De fait, on sent la patte d'un vrai écrivain capable de jouer du style et du verbe, tout en racontant une histoire cohérente et prenante, sans chercher à se couler dans le moule qui plait aux critiques. Ce roman de Stéphane Dovert parvient ainsi, avec énormément d'humour et de talent, à nous entraîner dans l'univers d'un enlèvement d'Occidentaux aux caractères bien campés, attachants et dérisoires, sympathiques ou hérissants de suffisance macho. Mais, même s'ils apparaissent souvent en filigrane, les personnages les plus forts s'avèrent être les Papous. Et c'est là qu'on comprend une partie du titre (qui n'est pas forcément le meilleur qui aurait pu être choisi, mais passons). Il y a une véritable altérité de conception et de pratique du monde chez ces Papous et l'on réalise alors que les véritables sauvages ne sont sans doute pas ceux qu'on croit. Ce sentiment dérangera probablement certain, car par delà sa lecture aisée au premier degré, il s'agit d'un livre qui donne réellement à réfléchir. Ce deuxième roman, qui fait suite à un premier "Les magnolias du divin" déjà remarquable d'inventivité dans une tonalité plus fantastique, confirme donc les qualités d'un auteur très prometteur.