Aristocrate du 16ème siècle, Tycho Brahe til Knudstrup og Maarslet, fut astrologue officiel au service de Sa Majesté Frederik II de Danemark puis de Rudolphe II, Prince de la Maison d’Autriche et du Saint Empire Germanique. Mais, plus qu’astrologue, dont on connait l’inexactitude - à part pour déterminer qui qui c’est le plus fort entre Shakka de la Vierge et Aphrodite des Poissons - Tycho Brahe vient s‘inscrire, à l’instar de Copernic, Kepler, Galilée ou bien encore Newton, dans la lignée de ces grands Astronomes qui ont fait avancer l’Histoire.


Bien que réticent au système héliocentrique imaginée par Copernic, Tycho Brahe admet la rotation des planètes autour du soleil, à l’exception faite de la Terre restant le point central de l’Univers, tel que Dieu l’a décidé. A une époque où l’on observait encore la voute céleste à l’œil nu, il fut un grand innovateur, de par l’utilisation de quadrant astronomique et autres sextants. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages répertoriant pas moins de 777 étoiles fixes, d’analyses du mouvement et des parallaxes des planètes, mais surtout de l’observation détaillée en 1572 de la première apparition référencée d’une supernova dans la constellation de Cassiopée, venant remettre en cause un ciel immuable admis depuis les énonciations de Ptolémée.


Il est bien sûr question de toutes ces découvertes dans ce roman biographique de Paul de Brancion, mais on va également éplucher la facette humaine de Tycho Brahe. Dans son rapport au cercle familiale : il perdit son frère jumeau dès la naissance, éprouvant un vide cosmique durant le reste de sa vie. Il fut élevé par son oncle qui l’enleva à ses parents génitaux qui périrent dans un incendie emportant toute sa famille hormis sa sœur, Sofie. Quand il forma une famille avec son épouse Agnethe, ils perdirent leur premier enfant, une fille, dont il n’aura de cesse de vouloir la retrouver. Ils eurent 13 garçons, auxquels il ne fit que peu attention.


Dans sa relation avec ses semblables également. Il n’hésitait pas à refuser les invitations de son Roi Frederik II, qu’il considérait toutefois comme un ami. Amis qu’il eut peu, choisissant de vivre sa passion plus que la vie elle-même. Il finira même par perdre son nez à Rostok lors d’une soirée trop aviné au cours de laquelle il provoqua en duel un compatriote remettant en cause l’existence des chiffres négatifs. Cette scène formera sa légende, puisqu’il portera toute sa vie durant une prothèse nasale faite d’or.


Mais aussi et avant tout sa tumultueuse relation aux femmes. Hormis sa sœur Sofie, avec laquelle il aimait à philosopher, ou sa défunte fille, il en aima peu. Notamment son épouse. D’un semblant d’amour, celle-ci devint la simple génitrice de ses enfants, incapable de lui refaire une fille (elle se cachait pour manger du sel). Paul de Brancion nous décrit un homme très cru, violent même dans sa relation au corps de cette femme, pour laquelle on ressent toute la souffrance. Elle est absente, limite classée au simple rang d’objet. A l’opposé du personnage sensuel de Karmina, dont on peut se demander si elle existe vraiment au vu de son apparition, proche de la forêt de Vaine et en bord de falaise. Impression corroborée par cette scène cauchemardesque, où avant de s’offrir à lui, elle invite Tycho à assister à une cérémonie post natale où les femmes du village molestent un mannequin dans une orgie pornographique malsaine. Une façon pour Tycho de prendre conscience de son manque de respect et de considération vis-à-vis de son épouse.


Tycho Brahe, s’il n’était pas loin du misanthrope, préférant ces travaux astronomiques à la Vie, semblait toutefois, selon d’autres sources, être bon vivant, adorant la boisson, ce qui formera une autre partie de sa légende, notamment sa mort à Prague suite à une vessie trop pleine. Mais j’ai apprécié découvrir l’Homme que je ne connaissais que de manière très lointaine avec son système tychonien. Ses tests pour prouver l’immobilité de la Terre m’ont bien fait sourire (une petite pensée pour les partisans de la Terre plate). J’ai aimé parcourir une partie de l’Europe, à travers Nuremberg, où Augsbourg (où j’ai eu plaisir à croiser la famille Fugger, dont j’avais vu les habitations dans cette même ville lors d’un voyage en Bavière). J’aurai tant aimé pouvoir découvrir le château d’Uraniborg, fief de Tycho sur l’Ile de Vaine (actuellement en Suède), qui tout en rendant hommage à Uranie, la muse de l’Astronomie, fut également le plus grand centre d’observation d’Europe avec ses coupoles, son jardin, son imprimerie. Mais malheureusement, le site n’est plus ,suite aux nombreuses guerres opposant les Royaumes du Danemark et de Suède. Ce lieu avait l’air emprunt d’un certain mysticisme au vu des plans que l’on peut trouver sur internet. Tant pis, on se "contentera" de Prague.


La fin du XVème siècle et le début du XVIème marqueront une évolution significative tant sur les plans religieux, artistiques, philosophiques que scientifiques. Que ce soit la (re)découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb donnant à la Terre sa rondeur, que la théorie Copernicienne affirmant que la Terre tourne autour du Soleil, et non l’inverse. Théorie contre laquelle Tycho Brahe se battit jusque sur son lit de mort, où il demanda à un certain Johannes Kepler avec qui il collabora, de continuer les travaux dans son sens. Mais Kepler finit par prouver la trajectoire elliptique des planètes, et à valider ainsi le système Héliocentrique de Copernic. Chose qu’il n’aurait pas pu faire sans l’immense aide apportée par les très nombreuses notes laissées par Tycho Brahe.

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le 27 oct. 2017

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