" Dans la vie des hommes, il n'y a que deux certitudes : la mort et l'impôt. "

Sociologue émérite et spécialiste en sciences politiques, Wolfgang Sofsky s'est longtemps intéressé aux relations entre la tyrannie des uns et les crimes des autres. Pigiste régulier pour des périodiques allemands d'envergure tels que "Die Welt" (tirage à 200 000 exemplaires) ou "Frankfurter Allgemeine Zeitung" (350 000), il a reçu le Prix frère et sœur Scholl, très symbolique en Allemagne, pour L'organisation de la terreur – les camps de concentration qui "témoigne d'indépendance d'esprit, encourage la liberté civile, le courage moral, intellectuel et esthétique et donne des impulsions importantes au sentiment de responsabilité dans le présent". De retour après sept ans d'absence, l'homme a pressenti un besoin urgent de rappeler combien nos sociétés, sous couvert d'un État-Providence utopiste et de liens sociaux virtuellement adaptés, demeuraient dangereuses et potentiellement capables, à tout moment, de rendre nos vies incontrôlables.

Le premier constat de W. Sofsky se veut à la fois édifiant et imparable : la perspective d'être dépossédé de vie privée a été acceptée et intégrée par la quasi-totalité des citoyens du monde "moderne". De fait, pas un politique ne vise à rétablir cet espace privé qui ne rapporte guère de voix électorales. Pire, le citoyen "ne devine même pas qu'il y a quelque chose à défendre" parce que l'État, en premier lieu, mène une politique de l'interdit qui, certes, punit mais n'explique pas ses motifs. Or, les lois ne créent la morale ni ne bonifient les mœurs ; et à l'image de cette grand-mère jugée pour avoir téléchargé illégalement la discographie de son artiste préféré des années 50, on finit par ne plus trop savoir à quoi certaines mesures riment.

Loin de faire la seule critique d'un "Big Brother" latent, Wolfgang Sofsky dresse un aperçu des contradictions de l'Homme qui se perd entre lâcheté, indifférence et immaturité. La surveillance est d'abord le fait d'une exhibition volontaire et le fruit de la résignation qui conduit à agiter fébrilement une fausse indignation ; celle-là même qui échoue à camoufler sa propre passivité, ses propres travers. Cette fragilité que l'on pensait apprivoisée n'est finalement pas plus à l'abri du regard de la caméra que du nôtre. Et à vouloir se conformer à des codes et à des normes, on tend à oublier que les traces les plus faciles à identifier sont celles qui se répètent souvent : "le dilemme du maniaque, ce n'est pas la faiblesse de sa volonté mais l'impuissance de ses jugements". Si l'espace privé est un sujet trop souvent abordé dans sa forme, "Le citoyen de verre – Entre surveillance et exhibition" pose des questions pertinentes et en font un essai particulièrement recommandé à tous ceux qui s'interrogent sur cette surveillance qui se propage partout sans exposer ses motifs.


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blolit
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le 27 juin 2011

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