Sans être un spécialiste de Vallotton, j’aime bien ses gravures. Avant de lire le Cri de Paris, je connaissais surtout celles qu’il avait faites pour les deux volumes du Livre des masques de Gourmont, que tout amateur de littérature fin-de-siècle se doit de connaître.
Les planches reproduites ici ne sont pas des portraits d’écrivains, mais diverses scènes ou portraits d’époque. C’est pourtant la même esthétique : de grands aplats de noir, des traits nets qui préfigureraient presque la ligne claire qui plus tard fera florès dans la bande dessinée. Simple sans être simpliste, haïssant la surcharge, cette esthétique en est d’autant plus efficace.
Là où le bât blesse, c’est que les éditions Marguerite Waknine, d’ordinaire impeccables quand il s’agit de mettre en valeur à peu de frais des travaux graphiques intéressants, dans leurs collections « le Cabinet de curiosités » ou (comme ici) « le Cabinet de dessins », ont choisi de faire l’économie de toute mise en contexte de l’œuvre (Ce n’est pas l’introduction de Franck Guyon, intitulée « N & B » et qui en soi n’est pas inintéressante, qui remplira cette fonction.)
En l’occurrence, il me semble qu’un certain nombre de gravures font référence à l’actualité d’une époque (elles ont paru entre 1897 et 1902), dont elles mettent manifestement en scène une partie du personnel politique et médiatique. Or, ne pas savoir de qui ni de quoi il est question dans ces caricatures (même si en effet « il paraît difficile ici d’employer au sens propre le terme de caricature ») leur ôte une bonne partie de leur intérêt : imaginez un lecteur de 2130 qui ne connaîtrait pas Macron, Philippe ou Hulot et qui serait amené à feuilleter un Canard enchaîné de 2019.
D’autre part, la reproduction des gravures n’est pas toujours d’une qualité irréprochable, certaines présentant une pixellisation… Dommage.

Alcofribas
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le 9 nov. 2019

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