Raphaëlle Bacqué démarre par la scène inaugurale du suicide. Dès lors, on espère une enquête qui permettrait d'en savoir plus : suicide ou meurtre d'Etat ? On sera déçu sur cet aspect car le livre n'apporte pas grand chose à ce sujet. En même temps, que pouvait-elle révéler de réellement déterminant plus de 15 ans après ? Dès lors, elle va brosser le parcours de cet homme avec, en creux, celui de la Mitterrandie : la séduction du leader socialiste, ses perversités et ses secrets, le bal des courtisans. Et puis la personnalité de Grossouvre et la fascination qu'il éprouve pour Mitterrand. Sa double vie sentimentale, aussi, comme son maître.
Sa démonstration est que Grossouvre a succombé à un chagrin d'amour : celui qui l'a vu rejeté de la sphère des intimes de François Mitterand. Il devient de plus en plus jaloux et incontrôlable. Jaloux des autres courtisans comme Roger-Patrice Pelat. Au point qu'il s'enferme dans une spirale qui le voit balancer les secrets de ce monde malsain : Urba-Gracco, les actions Triangle et même le secret des secrets : Mazarine. En même temps, Mitterrand l'éloigne peu à peu de lui à sa manière venimeuse : pas de grande scène ou d'éviction du Palais, juste le silence et le mépris. Jusqu'à ce soir d'avril 1994.
Le portrait d'un homme, d'une époque et d'une histoire d'amour entre deux hommes qui tourne mal. On aurait bien sur aimé en savoir plus sur cette mort mais c'était sans doute trop attendre. Un bon livre quand même sur une époque révolue.