Un petit village de montagne, haut perché en Kabylie. Une bourgade austère avec une partie haute et une partie basse, des quartiers tenus par différents clans, un patriarche et une multitude de « cousins ». On s’épie, on se jalouse. Il ne faut parfois qu’un prétexte lointain pour déterrer de vieilles querelles et ranimer une haine ancestrale – jamais enfouie bien profondément. La vie âpre, chiche, de montagnards bourrus et travailleurs qui doivent lutter chaque jour pour nourrir leur famille. Un âne, deux chèvres, trois moutons. Un petit lopin de terre aride sur lequel poussent tant bien que mal un figuier et deux oliviers.
Et en bas, à des kilomètres et dans un autre monde, la ville.
C’est dans cette version orientale de « La Terre » de Zola que Mouloud Feraoun nous confie ses souvenirs d’enfance. Une vie bien plus difficile et plus précaire que celle de Pagnol, contée avec une insouciance plus douloureuse. Fouroulou Menrad est fils unique – « fils unique » signifiant « le seul garçon », car Fouroulou a deux sœurs aînées. Il bénéficie de ce statut enviable : il est dorloté, choyé et récupère tous les bons morceaux qui lui sont naturellement réservés. Les filles, elles, se contentent des restes. Elles bossent, triment de l’aube au crépuscule pour aider la famille et permettre à leur jeune frère de vivre sans le souci des tâches domestiques puis d’aller à l’école et de se consacrer à ses études.
La famille fait de nombreux sacrifices pour permettre à l’enfant mâle de s’instruire. Il est leur fer de lance, leur investissement sur le long terme. Celui en qui ils placent tous leurs espoirs d’avenir meilleur.
« Le fils du pauvre » est un petit livre court et vite lu, à l’écriture classique, agréable mais sans originalité particulière. Mouloud Feraoun campe des personnages taillés à la serpe par une vie rude (dans laquelle toute amélioration est gagnée au détriment du voisin) et un environnement montagneux fait de panoramas grandioses et de sols infertiles. Des personnages pas vraiment attachants qui n’ont d’autres choix que de subir une existence dénuée de superflu, d’aller de l’avant quoi qu’il advienne ou de périr.
BibliOrnitho
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le 28 mars 2013

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