Wallace Stegner est pourtant considéré comme la principale source d’inspiration des écrivains du Montana et reste LA référence absolue pour Jim Harrison. Prix Pulitzer 1972, il a également remporté le National Book Award. Une pointure de la littérature américaine, quoi.

Cinq nouvelles en tout dans ce recueil. Les deux premières abordent le registre de la nostalgie, du temps qui passe et sont traversées par une certaine forme de mélancolie. Je les ai malheureusement trouvées trop courtes. A peine le temps de s’y installer qu’il fallait déjà en sortir. La troisième est plus intéressante et met en scène un cocktail mondain, un pianiste retors et un narrateur à l’ironie mordante dans une ambiance digne de Gatsby le magnifique. La quatrième est sans conteste la plus faible et est surtout sans aucun intérêt selon moi.

J’étais donc pour le moins dubitatif avant d’attaquer le dernier texte. Pas vraiment emballé par ce que j’avais lu, je me demandais bien pourquoi on faisait de Stegner un des plus grands écrivains de l’Ouest. Mais cette nouvelle a tout changé. 130 pages de pure Nature writing où des cowboys traversent avec leur troupeau la plaine du Saskatchewan (Canada) en plein hiver 1906, un des plus rudes du 20ème siècle. On trouve dans ce mini-roman d’initiation une écriture inspirée, des descriptions magnifiques, des relations entre les personnages très travaillées et un scénario au cordeau. Bref, c'est un récit âpre et tendu, qui tient le lecteur en haleine. La volonté farouche des hommes face aux éléments déchaînés est parfaitement rendue. Le froid, la promiscuité, les efforts terribles à fournir pour continuer à avancer malgré le blizzard, la neige et les vêtements qui gèlent à en devenir cassant comme de la glace, etc. Formidablement évocatrice, la prose de Stegner se dévore littéralement.

Un recueil qui mérite donc d’être lu, essentiellement pour cette magistrale dernière nouvelle. J’ai maintenant hâte de découvrir un de ses romans.
jerome60
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le 10 févr. 2014

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