Voici pour la première fois en français, la traduction de textes de fictions historiques qui ont inspiré l'œuvre de Robert E. Howard (le papa de Conan). Ces textes sont donc assez anciens, tous publiés au début des années 1920.
Ils mettent en scène un cosaque, Khlit, dont on suit à travers plusieurs courtes histoires, les tribulations dans la grande steppe euro-asiatique, au début du XVIIe siècle.
Le problème que j'ai en tant que lecteur va donc être le suivant : je n'ai lu aucune aventure de Conan le barbare. Mon propos ne va donc pas s'attarder sur les similitudes qu'il y aurait entre les deux œuvres et la manière dont Lamb a influencé Howard, mais uniquement sur mon ressenti de lecteur (ce qui n'est peut-être pas plus mal au fond).
Donc que dire ? Déjà, que l'écriture, si elle reste datée comparé à ce qui se fait de nos jours, est relativement moderne. Lamb échappe largement à certains défauts coutumiers de certains auteurs de l'époque. Je pense par exemple à la surabondance d'adjectifs ou aux descriptions parfois longuettes, qu'on peut trouver chez un Sax Rohmer (pour les descriptions, notamment ethniques, que j'ai toujours trouvé trop bavardes et vieillotes) ou un Lovecraft (dont j'adore l'écriture, mais qui perd parfois son lecteur sous une avalanche d'adjectifs qualificatifs du champ sémantique de l'horreur).
Si l'écriture de Lamb reste classique dans sa forme, on y trouve une économie de mots que j'ai trouvé bienvenue, et en adéquation avec la nature taciturne et rugueuse de son héros.
Pas réellement d'éléments de fantasy (malgré le nom de la collection : l'âge d'or de la fantasy) dans ce recueil, ou alors très léger. On est bien plus sur de la fiction historique "classique", même si justement, elle ne l'était pas (classique) à l'époque de sa sortie. J'ai beaucoup pensé à Taras Boulba en le lisant, déjà en raison des héros, tous deux cosaques, mais aussi pour leurs caractères tranchés (pour ne pas dire butés) et pour les paysages que Khlit traverse pendant la majeure partie de ses aventures.
Là où on peut trouver des similitudes avec Conan (pour ce que j'en connais), c'est justement dans le côté aventureux du personnage qui, à la différence du Taras Boulba de Gogol est un cosaque itinérant, qui quitte sa chère Ukraine pour errer de par le monde.
J'ai ressenti à sa lecture, le même genre de sentiment que j'ai pu avoir en lisant des ouvrages de merveilleux scientifique tels que ceux de J. H. Rosny-Aîné : l'impression de lire un texte en avance sur son temps, même si aujourd'hui, il paraît accuser son âge. Il y a un côté exotique et mélancolique (les deux), à suivre ces récits d'une étonnante fraîcheur et sans tabou.
Pas une lecture faramineuse donc, ce serait exagéré de le dire, mais une bonne surprise néanmoins. Un recueil qui a plus valeur de témoignage pour l'Histoire du genre qu'est la fantasy, que celle d'un chef-d'œuvre intemporel.
PS : une mention pour les illustration de Ronan Marret, qui accentuent le côté roman d'aventures.