Ah, le bonheur de ces livres pour enfants, tous sortis du même moule... Une petite fille intelligente et courageuse face à la misère, une famille gardant la tête haute dans l'adversité, les épreuves de la vie qu'on surmonte courageusement: tous les ingrédients sont là pour un bon moment d'émotion.

Je me méfie toujours un peu de ces vieux livres (la version originale date de 1943, la version condensée pour la jeunesse, "Une petite fille de Brooklyn", de 1957) qui nécessitent souvent plus de maturité que le public visé à l'époque, pour démêler la dimension historique du récit. Quand on tente d'éviter tout sexisme, tout racisme et tout -isme à ses enfants (quoique, l'altruisme, ça va, en fait), et qu'on se méfie un peu de la religion, il convient de naviguer avec précaution entre les pages, et d'être toujours présent pour expliquer que ce qui était considéré comme la norme à l'époque a maintenant bien changé.

Mais "Une petite fille de Brooklyn" est plutôt une bonne surprise à ce niveau. Même si le père est alcoolique, la famille pauvre et la vie bien difficile, on ne verse pas pour autant dans le misérabilisme en en faisant des tonnes. Pourtant j'avais très peur, puisque les premières pages nous racontent l'expédition hebdomadaire des enfants chez le chiffonier: ça démarrait fort. Le fait qu'il s'agisse d'un récit autobiographique doit jouer dans cette dignité affichée. Le personnage principal, la petite Francie Nolan, est attachant et réaliste: ce n'est pas une petite fille modèle, juste une enfant comme toutes les autres, avec ses qualités, ses défauts, ses rêves et ses peurs. Le reste de la famille est tout aussi bien décrit.

On évite même, à ma grande surprise, les constantes références à la religion pourtant habituelles des romans jeunesse de l'époque. Les enfants passent à l'église, se confessent, prient gentiment le soir et ils font leur communion, mais c'est tout. Pas de plaidoyer pour la piété en perspective!

Le livre n'est pas long mais il aurait pu s'arrêter plus tôt: il perd de son souffle à partir du moment où Francie commence à travailler. J'ai peut-être un fond sadique, mais une jeune adulte épanouie qui gagne fort bien sa vie, ça me parle moins qu'une enfant malheureuse à l'estomac vide.

C'est un agréable récit pour la jeunesse, qui reste parfaitement lisible de nos jours, tant au niveau du style que du vocabulaire, et ne verse pas dans la facilité. Vraiment un bon moment!
Aelyse
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le 15 août 2013

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