Je n’en mets pas souvent des 10/10 - pour ne pas dire jamais. Pourtant, cette dystopie catholique écrite en 1907 par le romancier Rober Hugh Benson m’a littéralement coupé le souffle, même si la fin m’a quelque peu laisser sur les rotules. Publié quatre ans avant le l’assassinat de Sarajevo, qui vit le monde sombrer dans la Première Guerre Mondiale, ce roman d’anticipation anticipe déjà tous les affres et les luttes du monde à venir, et d’un XXe siècle où la religion est synonyme de pouvoir. Percy Franklin, jeune prêtre anglais, qui voit derrière lui le poids de l’Eglise décliner, jusqu’à devenir persécuter jusque dans sa pratique la plus intime. Retranchés dans quelques terres qui lui restent - l’Irlande, le Vatican, et des dernières autorisations en Europe occidentale -, il est chassé partout où il en reste des traces. Ce Nouveau Monde est régit par l’humanitarisme, religion d’Etat qui va progressivement devenir culte - avec ses prêtres et ses Eglises, au sens littéral - et les Religions d’Orient, dont aucune de ces 450 pages ne nous en dit davantage, sinon qu’elles sont éloignées et unis (ou face à face) avec l’Eglise Catholique. Dans cette dystopie aux allures de réelles, la Russie contrôle aussi une partie de l’Afrique. Un prophète de 33 ans, Falsenburgh, se voit proposer le contrôle de l’Europe, puis du Monde, avant de s’arroger le droit de raser le Vatican, renvoyant le Pape en une contrée lointaine, la Syrie. Tout cela avant d’être sauvé par le Saint Esprit, dans une fin qui mériterait discussion. Quoiqu’il en soit, je ne peux que recommander Le Maitre de la Terre pour quiconque chercherait à comprendre les entrelacements du pouvoir et ses jeux, enjeux, historicité et futurs éventuels. Contre mauvaise fortune bon coeur, il nous invite à une tolérance, que le bouillon du message du Christ ne saurait que répéter.