Le onzième pion par MarianneL
Le onzième pion a un « happy beginning ». Georg Stransky, son héros, a toutes les raisons d'être heureux : une femme belle , intelligente, combinant avec grâce une réussite professionnelle éclatante et des talents de cuisinière, une fille charmante et une villa confortable aménagée avec goût.
Tout va donc pour le mieux jusqu'au soir où une pomme traverse la fenêtre de sa maison et où Stransky reçoit par un coup de fil l'injonction de croquer la pomme. Le lendemain matin, il a disparu.
Lilli Steinbeck entre alors en scène pour conduire l'enquête et retrouver Stransky. Dans l'excellent « Requins d'eau douce » de Steinfest, l'inspecteur Lukastik se référait à son Tractatus de Wittgenstein lorsqu'il était en panne d'inspiration. Ici, Lilli Steinbeck fait confiance à son pif, et elle a vraiment le nez creux. Il faut dire que celui-ci est à la fois spectaculairement déformé et le point d'ancrage de sa personnalité très frappante.
Au cours de cette enquête policière surréaliste, de cette satire ponctuée de scènes loufoques et de réflexions métaphysiques, Lilli Steinbeck, en compagnie d'un équipier improbable, un détective grec au physique de baleine essoufflée, voyage autour du monde, à Athènes, au Yémen, à l'île Maurice, pour damer le pion à l'autre camp et ramener Stransky sain et sauf chez lui, tout en tentant de construire sa propre vie.
« Le onzième pion » est une lecture jubilatoire, et pas seulement pour l'intrigue, qui à un certain stade devient presque accessoire, mais pour la distinction des dialogues, la description au scanner de ces personnages incroyablement bizarres, attachants ou repoussants, pour toutes les réflexions, digressions et miroirs de notre monde que cette intrigue nous adresse.
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