Sur le même ton que ses deux précédents ouvrages, avec le même talent de conteur, le même humour, la même envie de nous faire pénétrer les secrets de cette nature que nous ne méconnaissons que trop, Peter Wohlleben signe une fois encore un essai fort intéressant et, peut-être, un brin plus engagé. Bien sûr découvrir (en ce qui me concerne) la richesse insoupçonnée du monde végétal et s'émerveiller (comme chaque fois) de celle non moins passionnante du règne animal permettait, sans qu'il soit besoin de le dire, de conclure le respect que nous devons à notre environnement et au vivant sous toutes ces formes.
Cette fois pourtant, les choses sont plus clairement dites encore : non seulement les exemples d'interdépendance des espèces du monde vivant permettent une fois de plus de saisir à quel point la beauté de ce monde est fragile et son équilibre délicat, non seulement nous pouvons commencer à comprendre que la moindre action peut avoir des conséquences, mais Peter Wohlleben nous invite à penser même nos pratiques les plus bienveillantes, celles qui se réclament de la sauvegarde du vivant. Et si l'on peut être tenté de croire que la solution est facile (ne plus intervenir et laisser faire), c'est en réalité un grand saut qu'il faut effectuer : celui qui consiste à nous projeter du notre piédestal pour revenir « sur terre », se déprendre de l'idée que nous avons la solution (quand nous sommes nous-mêmes le problème), nous mettre enfin en retrait, et abandonner la partie… disons au moins des parties du monde à leur sort, laisser aux habitants non humain la place et la liberté parfaite auxquelles ils ont droit.